Accueil des handicapés : Exil forcé en Belgique09/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2371.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Accueil des handicapés : Exil forcé en Belgique

Quelque 6 500 handicapés mentaux français sont hébergés en Belgique. Pour une minorité d'entre eux, il s'agit du choix des familles, en particulier pour des autistes, en raison de méthodes de traitement différentes. Cependant, dans la majorité des cas, c'est un choix par défaut, lié à la pénurie de places en France dans des structures adaptées.

Le problème n'est pas nouveau, mais il s'est aggravé ces dernières années, et plusieurs familles ont attaqué l'État en justice pour obtenir une place pour leur enfant. Les associations d'handicapés, comme l'UNAPEI, réclament pourtant que les handicapés puissent vivre près de leur famille. Les conséquences de cette expatriation forcée sont nombreuses : les familles doivent se déplacer, parfois sur de longues distances, ce qui coûte cher et limite les contacts. Pour les plus éloignées d'entre elles, dans le sud de la France, ces voyages sont rares. D'autres encore ont dû vendre leur logement pour s'installer en Belgique près de leur enfant. Les associations d'handicapés évoquent également des infanticides et des suicides parmi les parents, tant il est devenu difficile de trouver un accueil de proximité.

En outre, la majorité des handicapés français en Belgique sont accueillis dans des structures dites « sous autorisation de prise en charge », privées, dont le but est de gagner de l'argent, sur le financement assuré par l'Agence régionale de santé ou les conseils généraux. De façon tout à fait commerciale, ces structures démarchent les établissements ayant des patients à placer. Les conditions d'accueil y sont parfois sinistres. Les parents d'une jeune handicapée, Amélie Locquet, rapportent ainsi à propos de L'Espérandrie, un établissement qui accueille 450 handicapés mentaux français : « Les gens sont comme des zombies, shootés aux médicaments, assis toute la journée, couchés à 18 h 30. Ils sont dans des chambres-dortoirs de 4 à 6 lits. Ils n'ont aucune intimité. » Ces parents ont gagné en attaquant l'État pour défaut de prise en charge.

Interrogée par le journal Le Monde, la ministre déléguée aux personnes handicapées Marie-Arlette Carlotti a jugé les expatriations « choquantes ». Mais que fait donc l'État ? En réalité, depuis des années, il organise la pénurie. Condamné en octobre dernier à trouver une place pour Amélie Locquet, le gouvernement a même engagé un recours avant de faire machine arrière devant l'indignation contre ce jugement. Mais il n'a toujours pas engagé ni même prévu les moyens nécessaires à une prise en charge décente, au plus près des familles, des handicapés mentaux. Il se rend donc entièrement responsable de la situation actuelle.

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