Dans la fonction publique : Le jour de carence et ses dégâts11/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2367.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dans la fonction publique : Le jour de carence et ses dégâts

Selon une étude rendue publique lundi 9 décembre par le groupe Sofaxis, premier courtier français en assurances pour la fonction publique, le nombre d'arrêts de courte durée pour raisons de santé des fonctionnaires territoriaux et des agents hospitaliers aurait chuté en 2012, pour la première fois depuis six ans.

Le nombre d'absences d'une journée aurait reculé de 41 % dans les hôpitaux (hors les 32 gros CHU) et de 43 % dans les collectivités territoriales. La tendance serait la même pour les arrêts de deux et trois jours. Et l'enquête de conclure : « La mise en application d'un jour de carence en maladie ordinaire explique probablement ce phénomène. »

En plus d'alimenter la propagande contre les arrêts maladie prétendument injustifiés et contre les fonctionnaires, cette enquête intervient à quelques semaines de la suppression, au 1er janvier 2014, de la journée de carence dans la fonction publique décidée sous la présidence de Sarkozy à la fin de l'année 2011.

La ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, a contesté les résultats de cette enquête, soulignant à juste titre que les assureurs étaient ceux qui avaient « le plus intérêt à ce qu'on ne supprimât point le jour de carence ou à ce qu'on l'augmente ». En effet, cette étude ne porte d'après ses auteurs que sur 350 200 agents territoriaux sur un effectif total de 1,8 million, et 116 000 agents hospitaliers sur 1,1 million. Que valent des conclusions tirées sur une fraction aussi restreinte des personnels concernés ?

De toute façon, même si ces conclusions étaient avérées, il n'y aurait aucune raison de s'en réjouir, bien au contraire. Les salariés qui renoncent à s'arrêter n'en sont pas moins malades et quand ils continuent à travailler, c'est au détriment de leur santé, voire de celle des patients quand ils travaillent dans des hôpitaux.

D'ailleurs, la même étude met aussi en lumière une augmentation de la durée des arrêts maladie, relevant que « depuis 2007, la gravité des arrêts a augmenté de 16 % dans la fonction publique territoriale et de 10 % à l'hôpital ». Cela concerne en particulier les troubles musculo-squelettiques comme les tendinites, auxquels sont soumis fréquemment les aides-soignants, les brancardiers, les agents de la voirie et de très nombreux travailleurs de la fonction publique.

En supprimant cette journée de carence, le gouvernement, une fois n'est pas coutume, tient une des promesses de campagne de Hollande. Mais il a tout de même attendu toute l'année 2013 et imposé ainsi aux travailleurs du secteur public que la maladie contraignait à s'arrêter une année supplémentaire de perte sur leur salaire.

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