Les grandes oreilles de la NSA... et celles de la DGSE04/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2366.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les grandes oreilles de la NSA... et celles de la DGSE

Fin octobre, des documents internes de l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine, transmis à la presse, montraient à quel point les États-Unis espionnaient leurs alliés, la France notamment. Les ministres français, et Hollande lui-même, s'étaient indignés que de telles pratiques existent entre amis. De nouveaux documents, transmis au Monde par l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden, éclairent cette fâcherie d'un jour nouveau.

On y apprend que, depuis 2007 au moins, les services secrets français de la DGSE collaborent activement avec la NSA et son équivalent britannique, le GCHQ, en leur fournissant des stocks massifs de données ayant transité par la France. 99 % des télécommunications intercontinentales transitent en effet par des câbles sous-marins, plutôt que par les airs. Ces câbles sont raccordés aux réseaux de communication des différents pays. Et la France est au carrefour de nombreux échanges, par exemple entre l'Afrique du Nord et l'Amérique, ou encore entre l'Europe du Sud et celle du Nord ou de l'Est.

Des sociétés françaises (Amesys, Qosmos) sont spécialisées dans l'interception des communications, des prestations qu'elles vendent à l'État. Elles opèrent notamment dans les stations d'atterrissage des câbles comme Lannion, Penmarch, Marseille, Saint-Valéry-en-Caux, etc. Ensuite, les services français transfèrent ces données à la NSA et au GCHQ. 2 000 des 6 000 salariés de la DGSE, souvent des ingénieurs, travailleraient ainsi à la « direction technique », notamment à l'espionnage des télécommunications. Le commissariat à l'énergie atomique (CEA) joue également un rôle important dans le développement de techniques d'espionnage.

Alors, les « alliés » américains sont-ils ingrats vis-à-vis de l'État français ? C'est fort possible. Et ce ne serait pas la première fois qu'un chef mafieux manque d'égards pour un de ses petits caïds, moins puissant et un peu hypocrite.

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