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République démocratique du Congo : Les dessous d'une guerre sans fin

La rébellion du M.23, vaincue par l'armée de la République démocratique du Congo et les troupes de l'ONU, vient d'annoncer qu'elle suspend les combats. Les habitants de la région du Kivu, dans l'est du pays, connaîtront-ils enfin la paix ? Malheureusement, depuis vingt ans, chaque cessez-le-feu n'a été qu'un bref intermède dans une guerre sanglante pour le contrôle des matières premières.

Le Congo a été qualifié de scandale géologique pour ses richesses minérales. Celles-ci abondent particulièrement dans la région du Kivu, où le sous-sol regorge de minerais d'étain, de tantale, de tungstène et beaucoup d'autres encore. Dans cette région il n'y a pas de grandes exploitations minières, mais les collines sont truffées de mines où des creuseurs récoltent ces richesses. Le M.23 était jusqu'à sa défaite le plus important des groupes armés contrôlant ces puits. Une fois extrait, le minerai d'étain, par exemple, est acheminé par porteurs à travers la jungle jusqu'aux premiers villages et chargé dans des véhicules. Il quitte alors le pays pour le Rwanda voisin d'où les camions de Bolloré l'acheminent d'une seule traite vers le port de Dar es Salam en Tanzanie.

Le M.23 tire sa lointaine origine des milices créées en 1994 par les populations tutsies du Kivu pour se défendre contre les attaques des auteurs du génocide rwandais. Ces milices tutsies prirent part, au côté de l'armée rwandaise, aux guerres qui ravagèrent l'ensemble du pays de 1998 à 2003, et se prolongèrent au Kivu jusqu'en 2009. Comme les multiples bandes armées constituées au Kivu sur des bases ethniques, elles devinrent rapidement de simples groupes prédateurs, terrorisant les populations de toutes origines. Intégrées à l'armée de la République démocratique du Congo lors du traité de paix signé le 23 mars 2009, elles se mutinèrent en avril 2012 contre le gouvernement et formèrent alors le M.23. Dans la guerre qui s'ensuivit, le M.23 comme l'armée congolaise se sont illustrés par des massacres, des viols, des pillages, terrorisant la population civile qui fuyait à leur approche.

La victoire de l'armée de la République démocratique du Congo tient avant tout au choix qu'a fait l'impérialisme américain de se ranger dans son camp. Ce sont les dirigeants américains qui ont forcé le Rwanda à arrêter ses livraisons d'armes au M.23. Ce sont eux aussi qui ont orchestré la création d'une brigade d'intervention des Nations unies, lourdement armée et composée de soldats venus d'Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi. À la différence des précédentes troupes de l'ONU, son mandat n'était plus seulement de s'interposer mais bien de faire la guerre au M.23.

La défaite du M.23 risque de ne pas changer grand-chose pour la population du Kivu, l'armée congolaise ayant largement prouvé qu'elle était capable des mêmes horreurs. Les mines changeront de maîtres, et c'est sans doute l'objectif que visaient les dirigeants américains, bien avant les préoccupations humanitaires dont ils se prévalent.

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