Esclavage : Une dette incommensurable31/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2361.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Esclavage : Une dette incommensurable

Nous publions ci-dessous des extraits du journal Combat Ouvrier du 19 octobre, publié par nos camarades de l'organisation trotskyste antillaise Combat Ouvrier (UCI).

La revendication de réparations de la part de l'État français et des États ayant naguère pratiqué l'esclavage, pour les descendants d'esclaves, refait périodiquement surface, sans avoir jusqu'ici abouti à un accord. Une association comme le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) réclame des compensations financières à l'esclavage que la loi Taubira du 10 mai 2010 a fait reconnaître comme un crime contre l'humanité. (...)

Le journal Combat Ouvrier rappelle que des indemnisations ont déjà eu lieu, entre autres lors des abolitions de l'esclavage, mais, ajoute-t-il, les mieux indemnisés furent les propriétaires d'esclaves et les États esclavagistes dépossédés de leurs terres, de leurs esclaves et des moyens de s'enrichir grâce à cette odieuse exploitation. En 1825, l'État français accepta de reconnaître la souveraineté d'Haïti en échange de 150 millions de francs or, dette qui fut ramenée à 90 millions. La nouvelle république d'Haïti accepta ce marché, ce qui endetta le pays jusqu'en 1946 et contribua à la misère de la population. Le CRAN envisage d'attaquer en justice la Caisse des dépôts et consignations qui, à l'époque, a géré le fonds de cette indemnité.

En 1833, les Antilles britanniques indemnisèrent d'un montant de 20 millions de livres, une somme colossale pour l'époque, 3 000 anciens propriétaires d'esclaves. De même, l'État français, en 1849, indemnisa les colons pour la libération de 250 000 esclaves aux Antilles-Guyane et à la Réunion.

Les exploiteurs ont donc été indemnisés grassement pour avoir été contraints de renoncer à un crime contre l'humanité perpétré pendant plus de trois siècles, et qui a généré la prospérité de grandes familles et de grandes villes de France ou d'Angleterre. Les anciens esclaves et leurs descendants n'eurent, eux, droit à rien, si ce n'est de retomber dans un esclavage salarié qui perdure jusqu'à aujourd'hui.

La revendication de réparations formulée par les associations noires paraît donc bien maigre par rapport au préjudice subi. D'autant plus que, pour se donner une allure politiquement correcte et acceptable par la société bourgeoise, ces associations ne revendiquent pas des réparations individuelles qui pourraient faciliter la vie des populations pauvres. Il s'agit pour elles d'obtenir des fonds pour instaurer la « transparence » des moyens de recherche, créer des musées, mettre en place une commission chargée de clarifier les rapports de l'époque. Et même s'il s'agissait d'aides financières attribuées aux États africains, vidés d'une grande partie de leurs forces vives par la traite, ou permettant d'envisager plus confortablement une indépendance pour les dirigeants nationalistes des Antilles, cela ne réparerait rien concernant les plus déshérités.

(...)

Cependant, oui, la bourgeoisie mondiale a une dette colossale vis-à-vis des descendants d'esclaves, comme de tous les travailleurs. Elle a bâti sa fortune sur la traite négrière, ses profits sur leur sang et leur sueur. Cette dette est si énorme qu'il est impossible de la chiffrer. Elle ne peut en aucun cas se limiter à quelques aides financières, une aumône que de toute façon la bourgeoisie au pouvoir n'est pas prête à débourser. La seule réparation possible du préjudice subi par tous, les descendants d'esclaves et les pauvres du monde, est l'expropriation de leurs exploiteurs. (...)

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