Continental, Toulouse : La direction condamnée31/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2361.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental, Toulouse : La direction condamnée

La direction de Continental Toulouse-Foix-Boussens vient d'être condamnée par la cour d'appel de Toulouse pour licenciement abusif mais aussi, chose plus rare, pour harcèlement moral. Elle avait refusé de reclasser une de ses employées conformément à sa qualification.

Secrétaire de direction à l'origine, cette salariée avait obtenu un diplôme de niveau bac+5 lors d'un congé formation. Elle a donc demandé le statut cadre en 1999, demande pour laquelle elle a essuyé un premier refus.

En 2006, elle exerce de fait la fonction de responsable du département Logistique, sans qu'il y ait eu de reclassement : la direction l'informant même de son « refus définitif » de la passer cadre. Du coup, notre collègue répond qu'elle ne veut plus exercer cette fonction sans le salaire et le statut correspondants.

Et là débute pour elle un véritable parcours du combattant. Du jour au lendemain, après avoir été félicitée pour son travail, ses évaluations deviennent mauvaises, et même très mauvaises. Elle se retrouve « placardisée », à l'isolement dans un bureau vide, sans téléphone, sans ordinateur, sans boîte aux lettres. Ses congés sont refusés, ainsi que ses demandes de mutation. Cela va durer plusieurs années.

En 2008, elle saisit le tribunal des prud'hommes pour refus abusif de reconnaissance de sa qualification et harcèlement. Celui-ci lui donnera raison en 2011 sur le premier point, mais refusera de reconnaître le harcèlement. Suite à l'intervention du CHSCT, et après deux années de visites et de courriers répétés à la direction, l'inspection du travail dressera un procès-verbal contre la direction pour harcèlement moral en 2009.

Mais la direction n'en aura cure. Tous les postes proposés par la suite le seront pour qu'elle refuse. Ultime provocation, la direction lui proposera en fin de compte un poste de cadre... à Rambouillet ! Ayant bien sûr refusé, elle se retrouvera licenciée en 2012 pour « impossibilité de reclassement ».

Une pétition a aussitôt circulé dans l'usine, à l'initiative des syndicats CGT et CFDT, pétition qui exigeait sa réintégration et qui a recueilli plus de 1 000 signatures. Qu'importe, la direction maintiendra sa décision de la mettre à la porte.

La cour d'appel vient donc de reconnaître le refus de reconnaissance de sa qualification, le licenciement abusif et le harcèlement moral. La direction va devoir payer les arriérés depuis 2004.

Même si cette employée reste licenciée, c'est une victoire morale et matérielle pour elle, une revanche face à tous ceux qui l'ont ainsi méprisée et ont cru qu'ils pouvaient faire leur loi sans que personne ne bronche. C'est aussi un encouragement pour toutes les victimes de ce genre d'humiliations à relever la tête et à ne pas se laisser faire.

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