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Accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne : Veau d'or et boeuf aux hormones

Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, a publié un communiqué pour se féliciter de la signature, le 18 octobre, du traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada. Le texte de cet accord est pour l'instant à la fois secret et non définitif, mais on suppose que les informations de la ministre sont fiables.

Elle écrit que l'accord « prévoit l'ouverture des marchés publics des provinces canadiennes », ce que des associations canadiennes traduisent par, entre autres, la vente du service public de l'eau à Veolia, multinationale française.

La ministre évoque également « la protection de la propriété intellectuelle, par exemple en matière de brevets pharmaceutiques ». L'État canadien a en effet accepté que les laboratoires pharmaceutiques gardent leur monopole, et donc leurs super-bénéfices, deux ans de plus avant que leurs produits puissent être « génériqués ». Et tant pis si les patients canadiens doivent payer plus cher.

L'accord contient bien évidemment une facilitation de la circulation des capitaux dans les deux sens, notamment un moindre contrôle de l'État canadien sur les investissements étrangers.

Enfin, l'Europe a arraché, de haute lutte on veut bien le croire, une meilleure protection des indications géographiques comme « comté », « roquefort » et « champagne », ainsi qu'un assouplissement du marché du vin. En échange, le Canada livrera quelques dizaines de milliers de tonnes de viande de boeuf et de porc, réputés bourrés d'hormones, nourris aux antibiotiques et chauffés au gaz de schiste. Bien que tous ces produits soient facilement solubles dans la chaîne de transformation de la viande européenne, qui en a digéré bien d'autres, la ministre croit devoir émettre une protestation sur ce point, suivie ou précédée par les députés verts européens. « La France ne se prononcera sur cet accord qu'après avoir approfondi » cette question de viande, affirme-t-elle. Mais bien sûr !

Les affaires sérieuses, celles des grands groupes bancaires et industriels, celles qui se chiffrent en centaines de milliards d'euros et conditionnent la vie de toute la population, se traitent directement entre hauts fonctionnaires et représentants des capitalistes, en dehors du contrôle, voire même de la simple connaissance du public, et au-delà même parfois du regard des politiciens. Charge à ces derniers de parapher ensuite les accords et d'amuser le bon peuple avec des histoires de défense du veau français élevé sous la jument.

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