Le Front national : Un parti antiouvrier17/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2359.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Front national : Un parti antiouvrier

Depuis qu'elle a repris la direction du Front national en 2011, Marine Le Pen, par des discours qui dénoncent la finance et le chômage de masse, cherche à gagner de l'influence dans les classes populaires. Elle mène aussi campagne pour repousser l'étiquette de parti d'extrême droite qui colle au FN. Elle a besoin de donner une image plus populaire, moins raciste, moins réactionnaire, à ce parti d'anciens de l'OAS, de jeunes nervis de l'extrême droite, de petits patrons réactionnaires et d'intégristes. Mais justement, user de démagogie vis-à-vis des classes populaires et même de la classe ouvrière est une constante de la politique de l'extrême droite.

Dans le passé, cela a toujours été le cas. Le parti nazi lui-même s'appelait « parti national socialiste des travailleurs allemands ». Or, parler de socialisme dans les années 1920, c'était parler de révolution. Les nazis étaient capables de reprendre un discours dénonçant les capitalistes, même si bien sûr, pour ceux qui écoutaient attentivement, il s'agissait surtout des capitalistes... juifs.

Le fascisme italien de Mussolini, qui au début ne se présentait ni comme raciste ni comme antisémite, se définissait comme une troisième voie entre capitalisme et marxisme et comme un défenseur « national » des classes populaires italiennes. En 1946, après l'interdiction du Parti national fasciste, son successeur le Mouvement social italien (MSI), né en regroupant une partie de ses anciens membres, revendiquait aussi d'avoir un programme social. « Oui, nous sommes fascistes ; mais des fascistes qui se sont battus pour donner à l'Italie une législation sociale et syndicale », écrivaient-ils dans leur presse. La politique actuelle de Le Pen s'inscrit bien dans cette tradition.

Marine Le Pen a soigneusement fait disparaître du programme du FN toutes les mesures s'attaquant aux conditions de vie et de travail des ouvriers et favorisant ouvertement les riches : la fin du salaire minimum, de la durée légale hebdomadaire du travail, la retraite à 70 ans, et la suppression de l'impôt sur le revenu par exemple.

Même ainsi repeint, le programme du FN représente une politique de la bourgeoisie.

Pour lutter contre le chômage, le FN s'en prend à l'Europe et prône des mesures protectionnistes, qui contribueraient à renchérir les produits achetés par les consommateurs. Sur la question des salaires, le FN promet que « l'impôt sur les sociétés sera modulé pour inciter les entreprises à adopter une politique salariale plus généreuse et distribuer davantage de leurs profits à leurs salariés ». Le FN reprend les idées défendues par tous les politiciens bourgeois, consistant à faire croire qu'il faudrait aider les entreprises pour créer des emplois. Il se garde bien, même dans son programme, de s'en prendre aux capitalistes. Mais de toute façon, pour le FN, ce qui est important ce n'est pas le programme, c'est la démagogie qui permet d'attirer des voix. Comme les autres partis bourgeois, s'il arrivait au pouvoir, c'est la bourgeoisie elle-même qui lui dicterait son action.

L'aspect particulièrement antiouvrier du FN consiste à diviser les travailleurs entre eux, en s'en prenant à une fraction d'entre eux, les travailleurs immigrés. Monter les travailleurs contre plus pauvres qu'eux, les Roms, les sans-papiers, monter les chômeurs contre ceux qui ont un travail, ne sert qu'à une chose : affaiblir les travailleurs face aux attaques du patronat.

Car ce que rejette avant tout le FN, c'est la possibilité que les travailleurs se défendent eux-mêmes. Il est clairement contre les grèves, contre les luttes ouvrières, contre les syndicats. En 2010, lors du mouvement contre la réforme des retraites, tout en se posant comme défenseur de la retraite à 60 ans, Marine Le Pen avait affirmé : « Ensemble, gouvernement et syndicats jettent la France dans le chaos. Voilà des semaines que la France s'installe dans le chaos, entre grève, manifestations et blocus. » Sa véritable identité politique est là, avec son opposition ouverte à l'organisation collective et à la lutte de la classe ouvrière.

Alors, la seule façon de lutter véritablement contre la montée du FN est d'ouvrir une véritable perspective de lutte des travailleurs contre les responsables de la crise, du chômage et de la pauvreté, c'est-à-dire contre la bourgeoisie et ses serviteurs politiques, en défendant une politique communiste et révolutionnaire dans la classe ouvrière.

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