Kenya : L'attentat des chabab et les responsabilités de l'impérialisme26/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2356.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Kenya : L'attentat des chabab et les responsabilités de l'impérialisme

Des dizaines d'hommes se revendiquant d'un groupe islamiste somalien, des « chabab », se sont introduits dans un centre commercial de Nairobi, la capitale du Kenya, et en ont pris le contrôle pendant plusieurs jours, gardant en otages plusieurs dizaines de personnes. Après des combats très violents, le bilan provisoire était d'au moins 68 morts et plus de 200 blessés.

Le Westgate, choisi comme cible par les chabab, est un gigantesque centre commercial de luxe. Vitrine d'un Occident implantée au milieu d'un océan de misère, il est fréquenté chaque jour par des milliers de personnes, issues des couches sociales les plus privilégiées du Kenya et du milieu des expatriés, nombreux dans ce pays.

Les terroristes se revendiquent du djihad et d'al-Qaida. Ils auraient visé le Kenya car, depuis 2012, 5 000 soldats ­kenyans stationnent en Somalie. Depuis une vingtaine d'années, ce pays est en proie à des luttes entre milices rivales organisées sur des bases religieuses et claniques qui se disputent le pouvoir, conduisant à la disparition de tout État central. À plusieurs reprises, des États voisins sont intervenus pour appuyer l'une ou l'autre des factions rivales. Ils y ont aussi été poussés par les États-Unis, qui ne voyaient pas d'un bon oeil cette instabilité permanente et surtout l'installation en 2006 d'un pouvoir islamiste qui leur est hostile. Contre les milices islamistes, ils ont ainsi fortement favorisé l'intervention de l'Éthiopie entre 2006 et 2009, puis de l'Ouganda sous couvert d'une force africaine de l'ONU, et du Kenya.

Les Occidentaux et tout particulièrement les États-Unis ont eux-mêmes contribué à développer dans le passé ce terrorisme islamique qu'ils doivent affronter aujourd'hui dans cette région de l'Afrique. En 1977, les États-Unis ont appuyé la Somalie entrée en guerre contre l'Éthiopie, alors soutenue par l'Union soviétique. L'argent envoyé par les monarchies du Golfe dans le cadre de ce soutien a profité à la mouvance islamiste. Comme cela s'est passé dans bien d'autres régions du monde, en particulier en Afghanistan, ces forces islamistes ont donné naissance à des groupes armés qui se sont retournés contre leurs protecteurs. Cela fut le cas au moment de l'envoi d'un corps expéditionnaire américain, en 1993.

Depuis, cette situation de guerre civile permanente est alimentée par la pauvreté et le sous-développement. Appartenir à une milice, disposer d'une arme et du moyen de racketter la population semble être la seule perspective de survie pour beaucoup. Et là encore la responsabilité de l'impérialisme est entière, puisqu'elle se situe aussi dans le maintien d'un ordre mondial injuste qui condamne des pays comme la Somalie à un sous-développement effroyable !

Les chabab usent d'une violence aveugle et développent une idéologie réactionnaire. Mais, à l'origine des attentats, il y a également la responsabilité des grandes puissances qui pillent et ravagent cette région de l'Afrique, qui jouent sur les oppositions religieuses, ethniques et claniques. C'est là la forme « civilisée » de la barbarie.

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