États-Unis - Europe : Politique des banques centrales Les banquiers en redemandent26/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2356.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis - Europe : Politique des banques centrales Les banquiers en redemandent

Dans son intervention à Bruxelles devant des parlementaires européens, le 23 septembre, Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), a évoqué la possibilité d'une troisième « opération de refinancement à long terme » – c'est l'expression officielle pour les prêts sur longue période et à très bas taux d'intérêt consentis par la BCE en faveur des banques.

Lors des deux premières opérations de ce type, en décembre 2011 et février 2012, les banquiers européens avaient ainsi reçu en deux fois au total plus de 1 000 milliards d'euros de prêts à trois ans, au taux d'intérêt de 1 %.

Cette annonce du patron de la BCE, commente le journal Les Échos, « est une façon d'admettre que le pari qui avait justifié ces opérations il y a près de deux ans est encore loin d'être gagné ». C'est peu dire. Ces cadeaux faits aux banquiers étaient en effet censés les inciter à relancer les crédits aux entreprises et aux ménages et donc à favoriser la relance de l'économie. Ce que les banques, qui n'avaient de toute façon aucun compte à rendre, n'ont pas fait. Elles se sont servies de cet argent pour continuer à spéculer sur les marchés financiers. Et la seule croissance qui en est résulté, c'est celle de leurs profits et des dividendes de leurs actionnaires. En fait de relance, les économies européennes, elles, se sont pour la plupart enfoncées dans la récession et le chômage de masse. Cela, en grande partie du fait des politiques d'austérité imposées aux populations pour rembourser les banquiers qui ont financé, avec l'argent de la BCE, les déficits des États européens. C'est ce qui s'appelle avoir le beurre et l'argent du beurre. On comprend que les banquiers en redemandent.

Comme d'ailleurs, aux États-Unis, les banquiers américains en redemandent à la Réserve fédérale américaine (Fed) (la banque centrale des États-Unis) et pour les mêmes raisons. Moins d'une semaine auparavant, le 18 septembre, après avoir entretenu le doute sur ses intentions et semé la panique sur les marchés financiers pendant plusieurs semaines, la Fed a annoncé qu'elle ne modifierait pas sa politique monétaire, autrement dit sa politique de cadeaux aux banques : elle continuera à faire marcher la planche à dollars pour acheter sur les marchés financiers chaque mois pour 85 milliards de dollars d'actifs. Avec les mêmes justifications que la BCE – relancer l'économie et lutter contre le chômage – et les mêmes résultats. En dépit des milliards de dollars ainsi déversés sur les marchés financiers, environ 3 000 milliards de dollars depuis 2008, « la reprise entamée en 2009 est restée jusqu'ici molle. Depuis l'Europe, on peut avoir l'impression que la croissance est repartie sur un bon pied, au vu des profits mirobolants affichés par des grands groupes ou des banques », commente le journal Les Échos, qui conclut : « Mais c'est une vision tronquée de la réalité ».

La Fed aux États-Unis comme la BCE en Europe – et les gouvernements qui sont derrière – n'en persistent pas moins dans leur politique de soutien aux banquiers catastrophique pour les populations. Pour ces dernières, des deux côtés de l'Atlantique, cela n'augure évidemment rien de bon.

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