Dans les entreprises

Ryanair : En rase-motte sur la sécurité et sur les conditions de travail

Un pilote de Ryanair, la société de transport aérien dite à bas-coûts, a été licencié après avoir donné une interview sur une chaîne de la télévision britannique. Il avait mis en cause le respect des normes de sécurité de la compagnie aérienne.

Depuis des semaines, Ryanair est confronté à une contestation d'une partie des pilotes, notamment sur le terrain de la sécurité. Le Ryanair Pilot Group, une association qui cherche à se faire reconnaître comme syndicat, a rendu publique une enquête auprès d'un millier de pilotes et commandants de bord : 94 % souhaitent que les autorités ouvrent une enquête, et 89 % jugent que les questions de sécurité restent opaques chez Ryanair.

Une des « défaillances » pointées par le personnel est d'être incité à embarquer moins de kérosène lors d'un vol, ce qu'avait reconnu implicitement le PDG Michael O'Leary puisqu'il avait annoncé aux pilotes qu'ils devraient voler deux minutes de moins par escale : 80 millions d'euros d'économies seraient alors réalisées. Trois avions Ryanair ont dû se poser, en panne sèche et donc en urgence, l'an dernier. Les pilotes dénoncent aussi le licenciement immédiat de ceux qui parmi eux signalent des incidents mettant en cause la sécurité lors des vols.

Chez Ryanair, 70 % des pilotes sont sous « contrat zéro-heure », un contrat qui existe en Grande-Bretagne depuis 1996. Aucune indication d'horaire ou de durée minimum de travail, aucun recours face au licenciement, et bien sûr des salaires au rabais. Lors de l'interview du pilote de Ryanair, il était dit qu'avec ce type de contrat, les pilotes « n'osent pas dénoncer les conditions de sécurité de peur d'être licenciés et prennent les commandes même malades ». Les pilotes de Ryanair ne sont pas seuls concernés par cette situation ultra-précaire, puisque de 250 000 à un million de travailleurs sont soumis au « contrat zéro-heure » en Grande-Bretagne.

Le PDG de Ryanair se vante de n'avoir jamais permis l'installation d'un syndicat dans sa compagnie et refuse de reconnaître le Ryanair Pilot Group comme tel. Souhaitons aux pilotes qu'ils puissent mettre ce patron de combat à terre. Cela, il ne l'aura pas volé.

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