Dans le monde

Hongrie : Condamnation des meurtriers de Roms

En Hongrie, trois assassins et leur complice qui avaient monté des opérations meurtrières contre des Roms ont été condamnés respectivement à la perpétuité et à 13 ans d'emprisonnement. Ces assassinats ont inspiré le film accablant Just the wind sorti cette année en France.

À plusieurs reprises en 2008 et 2009, ces néonazis avaient incendié des maisons dans des villages roms à l'aide de cocktails Molotov et de grenades. Puis, embusqués, ils avaient fait feu sur leurs habitants qui tentaient d'échapper aux flammes. Ils ont été reconnus coupables du meurtre de six personnes dont un enfant de quatre ans, et d'en avoir blessé grièvement cinq autres au cours de neuf attaques. Cinquante autres personnes avaient également été blessées, mais plus légèrement.

En 2008, alors que la crise financière heurtait de plein fouet la Hongrie, accélérant brutalement la montée du chômage, le parti d'extrême droite Jobbik et sa milice paramilitaire, la Magyar Garda, s'en prenaient aux Roms en investissant leurs villages et en terrorisant les habitants.

Les assassinats dont les auteurs ont été jugés la semaine dernière ont eu lieu dans des régions anciennement industrielles du nord-est du pays, là où la proportion de Tsiganes est la plus importante. C'étaient les seuls endroits où ils avaient trouvé du travail, à l'époque des Démocraties populaires.

Bien qu'ayant condamné les assassins, mais pour de simples meurtres sans que soit reconnu le caractère raciste de leurs actes, les juges ont soigneusement évité de mettre en cause la police qui, dans un premier temps, avait conclu à de simples incendies accidentels. Il en a été de même pour les services secrets qui avaient mis fin à la surveillance de l'un des assassins au moment où celui-ci se procurait des armes. Des dizaines d'autres agressions du même type ont été perpétrées à l'époque et sont toujours sans conclusions judiciaires.

En fait, le racisme et l'antisémitisme se banalisent au plus haut niveau de l'État. Le Premier ministre ultra-conservateur Viktor Orban a de nombreuses fois décoré des personnalités d'extrême droite, dont le journaliste Ferenc Szaniszlo qui, en 2011, avait comparé les Roms à des singes. 2014 sera en Hongrie une année électorale et il est à craindre que la surenchère entre Orban et le Jobbik ne s'accompagne de diatribes anti-Roms, favorisant l'impunité dont bénéficient déjà les racistes violents.

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