Dans le monde

Grèce : Une situation invivable

Le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, a déclaré, le 18 août, qu'il était bien décidé à mettre fin au moratoire qui protège les petits propriétaires endettés. Jusqu'à la fin 2013, la loi interdit la vente aux enchères de leur unique résidence, même s'ils ne peuvent rembourser leur emprunt. C'est cette protection que le gouvernement veut supprimer pour éviter « l'écroulement des banques », en promettant que « des critères sociaux et financiers seront pris en compte avant l'autorisation de vente ».

Cette perspective a déclenché une levée de boucliers, y compris chez les députés de la droite au pouvoir dont la porte-parole a parlé de « guerre civile » si ce projet se réalisait. Le taux de propriété est en Grèce un des plus élevés d'Europe et, contrairement à ce qui se passe en Espagne, des Grecs, même très endettés, ont souvent pu conserver un toit jusqu'à présent.

Cela s'ajoute à toutes les mesures qui rendent la situation de plus en plus invivable.

D'après les dernières statistiques officielles, le chômage a atteint un nouveau record en mai : 27,6 % au total, et 64,9 % pour les jeunes de moins de 25 ans et il est déjà prévu que ce record sera battu, dans le privé où la menace plane sur 4 800 employés de banque incités au départ « volontaire » d'ici la fin de l'année, mais aussi dans le public.

Le dernier plan approuvé en juillet prévoit en effet que 25.000 agents de la fonction publique doivent passer sous le régime de la mise en disponibilité dont 12.500 d'ici fin septembre : 6.000 d'entre eux devraient venir des ministères de l'Intérieur, de la Santé et de l'Éducation (plus de 2.000 enseignants du secondaire) et le reste essentiellement des collectivités locales (police municipale et agents territoriaux). La disponibilité, cela signifie huit mois de salaire à 75% et ensuite, une mutation obligatoire ou la porte. Le gouvernement a déjà annoncé que 4.000 fonctionnaires devraient être licenciés courant 2013 soit en raison d'une faute disciplinaire, soit parce que leur poste a disparu, tout en promettant des embauches... ce qui pourrait faire sourire si la situation était moins dramatique.

Les services publics, déjà au bord de la rupture, risquent la paralysie : dans une région du nord de la Grèce, la Macédoine centrale, 29 des 38 maires ont menacé de démissionner si l'État s'obstinait à réduire leur dotation financière et leur nombre d'agents.

La situation sanitaire d'une partie de la population est très préoccupante : des services hospitaliers ferment. Dans les deux plus grandes villes du pays, Athènes et Thessalonique, huit hôpitaux, un institut de recherche et les services du ministère devraient perdre plus de 1.600 postes. Faute d'emploi régulier, de plus en plus de travailleurs n'ont plus droit à la sécurité sociale. À Thessalonique, le dispensaire de Médecins du Monde, qui recevait auparavant surtout des immigrés, accueille maintenant tous les mois 1.800 personnes dont 65% de Grecs, salariés pauvres, chômeurs indemnisés ou non - ils n'ont droit qu'à 350 euros mensuels pendant un an - mais aussi petits commerçants en faillite.

Quant aux salaires, ils sont aussi variables que les contrats, quand il y a contrat. Un emploi d'ouvrier sans ancienneté, à 40 heures, - qui donne droit à l'assurance sociale - pour 500 euros net, le salaire minimum, permet à peine de survivre. Pourtant un tel travail est rare et presque enviable pour tous ceux qui ne trouvent qu'un emploi précaire de quelques heures par jour dans la restauration ou qui travaillent depuis des mois pour une paye en retard ou amputée.

Cela n'empêche pas la presse pro-gouvernementale de parler de « nouveaux signes positifs de l'économie », ni le gouvernement de prétendre voir « de la lumière au bout du tunnel » !

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