Egypte : Le concert d'hypocrisie des dirigeants occidentaux23/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2351.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Egypte : Le concert d'hypocrisie des dirigeants occidentaux

« Préoccupés », « condamnant le massacre », souhaitant « un retour au processus politique » ou « au dialogue », tels ont été quelques-uns des commentaires des dirigeants occidentaux, de Hollande à Obama, après l'intervention de l'armée contre les partisans des Frères musulmans au Caire. C'est un beau concert d'hypocrisie car depuis deux ans, depuis ce qu'on a appelé le « printemps arabe », leur seul véritable souci est de voir se rétablir dans la région des pouvoirs politiques forts et stables, de telle sorte que l'ordre impérialiste et les intérêts des grandes compagnies occidentales dans la région ne courent aucun risque.

C'est seulement quand le sang éclabousse cette dictature, qu'ils voudraient voir se consolider, que les dirigeants occidentaux font semblant de prendre quelque distance. Toujours bien sûr au nom de la « démocratie » mythique qu'ils disent appeler de leurs voeux dans un Moyen-Orient mis à feu et à sang par leurs propres intrigues, et surtout, par l'ordre économique et social dont ils sont les principaux profiteurs.

Bien sûr, ils cherchent ainsi à tenir compte de l'opinion publique, aussi bien la leur propre que celle des pays arabes auprès de laquelle ils voudraient éviter d'apparaître pour ce qu'ils sont : des complices directs des dictatures, sans compromettre les possibilités de collaboration future avec les Frères musulmans ou les différents courants islamistes.

Les dirigeants américains avaient d'ailleurs misé ouvertement ces derniers mois sur le gouvernement de Mohamed Morsi et parié sur sa capacité à rétablir un pouvoir stable en Égypte. Aujourd'hui, il leur faut ménager tant l'armée, qui est aussi leur alliée traditionnelle, que des Frères musulmans qui pourraient demain revenir au pouvoir. Mais si les dirigeants occidentaux ont compris que les courants islamistes peuvent être dans la région un facteur d'ordre, et donc de stabilité pour les intérêts impérialistes, encore faut-il savoir sur lesquels s'appuyer. Or, sur cette question, les alliés de l'impérialisme se divisent entre eux.

Ainsi les Frères musulmans disposent de l'appui du Qatar, de la Turquie d'Erdogan, qui appuient également divers groupes djihadistes combattant en Syrie contre le gouvernement Assad qui, lui, a l'appui de la Russie mais aussi de la République islamique d'Iran. L'Arabie saoudite, elle, voit d'un mauvais oeil les interventions du Qatar et de la Turquie qui remettent en cause sa place de leader régional. Elle appuie donc plutôt les groupes salafistes concurrents des Frères musulmans. Voilà pourquoi le coup d'État de l'armée égyptienne a eu droit à l'appui ouvert des dirigeants saoudiens. À être des musulmans intégristes on n'en est pas pour autant toujours frères...

Les dirigeants occidentaux n'ont pas seulement à choisir entre des Frères musulmans ou des militaires égyptiens, il leur faut aussi choisir entre le Qatar avec son émir, l'Arabie saoudite avec sa démocratie du sabre, la Turquie d'un Erdogan de plus en plus discrédité, les djihadistes de Syrie et l'on en passe. Quant à réussir à ménager l'alliance des uns et des autres, l'exercice devient difficile.

À force d'aider au développement des tendances les plus réactionnaires, les dirigeants occidentaux ont l'embarras du choix, et même des choix embarrassants...

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