Sociétés d'autoroutes : Racket des automobilistes sous l'égide de l'État01/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2348.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sociétés d'autoroutes : Racket des automobilistes sous l'égide de l'État

Depuis que la quasi-totalité des sociétés d'autoroutes ont été privatisées, en 2005, les tarifs des péages ont explosé. De 2009 à 2012, ils ont augmenté en moyenne de 1,8 % à 2,2 % par an, plus que l'inflation mesurée par l'Insee. La Cour des comptes vient de publier un rapport mettant en lumière la façon dont les tarifs sont décidés.

Ces sociétés d'autoroutes sont détenues par trois grands groupes, Vinci, Eiffage et un consortium dominé par le groupe espagnol Abertis. Mais c'est l'État qui fixe les tarifs, après négociation.

Le principal prétexte des augmentations de tarifs de ces dernières années est la signature entre l'État et les sociétés d'autoroutes de « contrats de plan » d'une durée de cinq ans, dans lesquels elles s'engagent à des investissements pour améliorer le réseau ; 1,2 milliard d'euros pour les contrats signés depuis 2008. Mais ces sociétés ne songent même pas à utiliser pour de tels investissements les profits passés : 2,1 milliards d'euros en 2011, 2,1 milliards en 2010, 1,9 milliard en 2009, 1,3 milliard en 2008... Les sociétés d'autoroutes prétextent aussi une augmentation de leurs charges d'exploitation, en particulier de la masse des salaires. Ainsi APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône) a prétendu, lors de la signature de son contrat de plan, que ses « charges de personnel » allaient augmenter entre 2009 et 2013 de 3,6 % par an, ce qui a été validé par l'État. Or ce taux reposait sur l'hypothèse d'un emploi constant, alors que les effectifs du groupe APRR sont passés de 4 008 salariés en CDI en 2009 à 3 870 en 2011, et que le nombre d'intérimaires a chuté de 45 %.

Il faut dire que l'État trouve aussi son compte dans l'augmentation des tarifs. Il récupère 40 % des sommes payées par les automobilistes sous forme de taxes (TVA, écotaxe, taxe d'aménagement du territoire...) et autres impôts sur les bénéfices.

« L'usage des autoroutes est en principe gratuit » : ainsi commence la loi de 1955 portant statut des autoroutes... avant d'introduire la possibilité des péages. Des principes à la réalité, il y a un monde, le monde des profits.

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