Union européenne - Fraude fiscale : Le faux-semblant de la lutte contre les paradis fiscaux16/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2337.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Union européenne - Fraude fiscale : Le faux-semblant de la lutte contre les paradis fiscaux

Au programme de la rencontre des ministres des Finances des vingt-sept États de l'Union européenne, les 11 et 12 mai, il y avait la lutte contre les paradis fiscaux. Sur le même sujet, les 15 et 16 février derniers, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays du G20 s'étaient réunis à Moscou, et à nouveau les 18 et 19 avril à Washington. De ces réunions à répétition rien de concret n'est encore sorti.

Les dirigeants des principales puissances économiques annoncent régulièrement leur intention de lutter contre l'évasion fiscale. Depuis la réunion de Londres du G20, en avril 2009, c'est même un de leurs thèmes favoris. Mais, loin d'en avoir fini avec les paradis fiscaux, comme l'avait prétendu Sarkozy après cette réunion, ces derniers ont continué à attirer de plus en plus de capitaux. Les déclarations, les menaces, les centaines d'accords de coopération entre États n'y ont rien fait.

Comme l'écrit un journaliste, « l'économie offshore ne s'est probablement jamais aussi bien portée ». Il faut dire que ce sont les États impérialistes eux-mêmes qui, en supprimant tous les contrôles et tous les obstacles à la circulation des capitaux, ont favorisé et voulu cette évolution. Et il n'est pas question pour eux de remettre en cause, si peu que ce soit, cette liberté laissée aux capitalistes de courir le monde à la recherche du profit maximum, donc aussi de l'impôt minimum.

Comme l'écrit à propos des paradis fiscaux Oxfam, une ONG qui veut « agir contre les injustices et la pauvreté », « le chemin est encore long avant de pouvoir changer les règles du jeu, dans ces territoires que les membres du G20 ont laissé se multiplier depuis trente ans, très souvent dans leur arrière-cour. Règles du jeu qui ont été inventées par les acteurs économiques de ces pays riches pour mieux contourner les lois jugées trop contraignantes dans leur pays ».

Les gouvernements des pays riches qui mènent campagne contre les paradis fiscaux sont les premiers à dénoncer chez les autres l'utilisation de l'arme fiscale pour attirer ou retenir chez eux entreprises et riches contribuables. Mais ils ne sont pas les derniers à s'en servir, eux aussi, contre leurs concurrents et voisins. C'est à qui offrira le taux d'imposition (réel) le plus faible, les niches fiscales les plus avantageuses.

Les discours des dirigeants des pays riches contre l'évasion fiscale ne visent qu'à donner le change. Il s'agit de faire croire à des populations appauvries par la crise, et choquées par la circulation de ces milliards d'euros à travers le monde pour échapper à l'impôt, qu'ils veulent et peuvent mettre un terme à ce pillage des budgets publics. Dans leurs discours, ils parlent de s'attaquer au secret bancaire, aux « pratiques douteuses des multinationales », à la concurrence fiscale entre eux. Ce ne sont que des phrases, car ils n'ont nullement l'intention de remettre en cause les principes mêmes sur lesquels leur système économique est fondé. La seule façon d'y mettre un terme serait que ce soient les populations qui imposent l'ouverture des livres de comptes des banques et des entreprises et y exercent leur contrôle.

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