Lyon : Incendie mortel d'un squat de Roms – l'hypocrisie de Valls et du gouvernement16/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2337.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lyon : Incendie mortel d'un squat de Roms – l'hypocrisie de Valls et du gouvernement

Dans la nuit du 12 au 13 mai, un incendie a entièrement ravagé les bureaux d'une usine désaffectée dans le 8e arrondissement de Lyon. Deux femmes et un enfant de douze ans y ont laissé la vie. Ces locaux étaient occupés depuis octobre 2012 par environ deux cents Roms chassés successivement de différents campements ou squats de l'agglomération lyonnaise.

Ils logeaient là dans des conditions dangereuses, insalubres et sans hygiène, ce qui était aussi une nuisance pour les riverains. Leur expulsion étant imminente, l'eau et l'électricité avaient été complètement coupées depuis le 2 mai, rendant encore plus dangereuses les conditions de vie. L'incendie semble d'ailleurs avoir été provoqué par une bougie. Pour se chauffer pendant l'hiver, les occupants de l'immeuble brûlaient tout ce qu'ils trouvaient, augmentant considérablement les risques.

Cette vie indigne est le lot quotidien des quelque 1 500 Roms vivant dans les divers camps de fortune de l'agglomération. Ce n'est ni le premier accident mortel ni le premier incendie, le dernier en date ayant ravagé un bidonville en bordure du périphérique, à Saint-Fons, où survivaient 250 personnes.

Mais parce que cette fois-ci, il y a eu trois morts, parce que l'incendie a eu lieu en pleine ville, à proximité d'une école, l'émotion a été vive. Et parce que deux ministres, Manuel Valls et Christiane Taubira, étaient ce jour-là à Lyon pour vanter les mérites de la politique du gouvernement en matière de sécurité publique, ce drame a fait l'objet d'une couverture médiatique nationale.

Sur place, Valls a tenu à réaffirmer qu'il comptait poursuivre l'évacuation de ces campements « car ils représentent un véritable danger pour ceux qui les occupent »... Quelle hypocrisie ! Malgré les promesses de campagne de Hollande, malgré une circulaire interministérielle d'août 2012 qui demande aux préfets que « les difficultés sociales, sanitaires, scolaires, ou liées au logement soient systématiquement examinées le plus en amont possible pour que des solutions, temporaires ou durables, soient recherchées », les expulsions se sont poursuivies exactement comme à l'époque de Sarkozy et Guéant. Valls a même fait entendre à son tour sa petite musique xénophobe en déclarant récemment au Figaro que « les Roms des campements ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles » !

Quant à Gérard Colomb, le sénateur maire PS de Lyon qui prétend oeuvrer au retour et à la sédentarisation des Roms dans la ville de Tinca en Roumanie, il a demandé au Premier ministre qu'une telle politique soit menée à l'échelle du pays voire de l'Union européenne. Selon lui « on ne peut pas accueillir une population croissante et lui dire qu'on va la reloger ».

Mais si 15 à 20 000 Roms sont venus en France depuis la Roumanie et la Bulgarie, c'est d'abord pour fuir le chômage, la misère et parfois des violences. S'ils vivent ici dans des conditions indignes d'êtres humains, c'est parce qu'ils sont les derniers arrivés, en pleine crise économique, qu'ils sont interdits d'accès à la plupart des emplois jusqu'à la fin de 2013 et qu'il manque en outre dans ce pays près d'un million de logements pour la fraction la plus pauvre de la population.

Le gouvernement et les dirigeants du PS ne voulant s'en prendre ni au chômage ni à la question du logement, ils traquent les Roms, les refoulent hors des frontières, les stigmatisent pour mieux justifier leur politique indigne. Ils mettent ainsi leurs pas dans ceux de l'UMP mais préparent le terrain et les esprits à une politique et des méthodes pires encore.

Partager