Amnistie sociale : L'art et la manière de s'aplatir devant le patronat16/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2337.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Amnistie sociale : L'art et la manière de s'aplatir devant le patronat

Le projet de loi d'amnistie sociale présenté par le Front de gauche devait venir devant l'Assemblée nationale jeudi 16 mai.

Ce projet visait, à l'origine, à amnistier des personnes, environ une centaine, condamnées entre le 1er janvier 2007 et le 1er février 2013, pour des contraventions ou des délits contre les biens, et non contre les personnes, dans le cadre de mouvements sociaux menés au sein des entreprises et pour le logement. Présenté à la commission des lois du Sénat puis discuté en février par les sénateurs, il avait été approuvé à deux voix près, après des remaniements qui en réduisaient encore la portée. Mais le 24 avril le ministre des Relations avec le Parlement déclarait que le gouvernement n'était « pas favorable à cette amnistie, ni à aucune autre », et la commission des lois de l'Assemblée rejetait le texte.

Ainsi, elle emboîtait le pas à Hollande. Campé dans sa posture de défenseur de l'ordre public face aux manifestants contre le mariage pour tous, celui-ci craignait de voir la droite lui reprocher de faire deux poids deux mesures et d'amnistier des contrevenants « de gauche ». Soucieux de ménager les patrons, Hollande ne voulait surtout pas les contrarier en amnistiant des grévistes « coupables » d'avoir renversé des pots-de fleur ou cassé un ordinateur !

Certains députés socialistes ont tout de même protesté et le porte-parole de leur groupe parlementaire a trouvé une échappatoire en proposant de renvoyer le texte de loi en commission, et sans doute aux oubliettes. C'était un moyen pour éviter d'avoir à se prononcer contre ce projet et de se mettre à dos une partie de l'électorat de gauche : les élections municipales ne sont pas loin.

Le nouvel examen du projet n'y changera sans doute rien. Non seulement, depuis des mois, le gouvernement Hollande laisse les mains libres au patronat et devance ses moindres désirs, mais il ne veut pas être accusé de la plus petite complaisance envers son électorat. Licencier des travailleurs par milliers, fermer des usines et ruiner une région, c'est la loi du système, et contre cela le gouvernement se déclare impuissant. Pire même, il refuse de voter une loi, pourtant très modérée, pour amnistier des grévistes ayant résisté à cette violence patronale.

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