Dans le monde

Venezuela : En successeur de Chavez, Maduro remporte la présidentielle

Dimanche 14 avril, c'est Nicolas Maduro, le candidat choisi par Chavez comme dauphin peu avant sa mort le 5 mars dernier, qui a remporté l'élection présidentielle vénézuélienne. Mais, contrairement à Chavez qui, en octobre dernier, avait gagné avec onze points d'avance, contre le même candidat de la droite, Capriles, son successeur l'a emporté d'une courte tête : 250 000 voix. De quoi réactiver une droite revancharde qui n'a jamais digéré d'être mise à l'écart depuis 1999 et qui tente maintenant, comme elle a pu le faire dans le passé avec Chavez, de contester la légitimité du nouvel élu.

Il est indubitable que le dernier geste politique de Chavez, désigner Maduro comme son successeur, a assuré son succès. Mais les électeurs des quartiers populaires qui ont suivi une fois de plus le choix de Chavez n'ont pas seulement manifesté leur attachement à l'homme Chavez, ils ont d'abord voté pour son action, les réalisations sociales indéniables dont ils sont les bénéficiaires.

D'ailleurs, depuis deux élections, le candidat de la droite a fini, pour tenter d'attirer à lui des déçus du chavisme, par prétendre qu'il ne toucherait pas aux programmes sociaux mis en place pendant les présidences successives de Chavez ; vraisemblablement un mensonge politicien, mais aussi un hommage indirect à l'action sociale du président défunt.

Car les résultats sur le plan social sont bien réels et mesurés par des organismes internationaux officiels qui sont loin d'être ses fervents partisans. Banque mondiale, ONU, FMI, OPEP, etc., confirment un bilan d'autant plus marquant pour les classes populaires du Venezuela que, dans tous les autres pays du monde, on assiste au mouvement inverse : envolée du chômage, stagnation ou baisse du pouvoir d'achat, démantèlement des programmes de protection sociale et des services publics.

Or, dans le Venezuela de Chavez, on a assisté depuis quatorze ans au mouvement inverse. Le taux de chômage a été divisé par deux, passant de 14,5 à 7,6 %. Le revenu par tête a augmenté de 4 100 dollars à près de 11 000 dollars. La mortalité infantile est tombée de 20 à 13 pour mille. Le taux de pauvreté a diminué des deux tiers, de près de 24 % à 8,5 %.

L'augmentation du bien-être des classes populaires, qui ont pu se nourrir, bénéficier des services de santé, envoyer les enfants à l'école, etc., se mesure aussi dans l'augmentation rapide de la population, qui a progressé de 23 à 29 millions.

Bien sûr, ces progrès réels ont été rendus possibles par la forte progression des revenus du pétrole, qui ont plus que quadruplé dans la même période, bondissant de 14 milliards de dollars à 60 milliards de dollars. Mais, s'il n'avait tenu qu'aux classes possédantes de poursuivre la politique qui était la leur avant l'arrivée de Chavez, elles auraient continué d'accaparer la rente pétrolière sans se soucier du sort des classes populaires. C'est d'ailleurs le principal reproche que les bourgeois du monde entier font à Chavez et à son mouvement : avoir utilisé une partie de la rente pour subventionner les programmes sociaux qui étaient le ciment de son électorat, au lieu de s'en servir uniquement pour conforter les dividendes des actionnaires.

Si Chavez et son successeur ont pu évoquer un « socialisme du XXIe siècle » dans leurs discours démagogiques, ils ont néanmoins bien servi les possédants qui, en dépit des mesures sociales, ont continué de prospérer et d'accaparer une part croissante des richesses du pays.

Confortés par leur défaite d'une courte tête, les partisans de la droite, et avec elle le camp des possédants, se sentiront peut-être encouragés. Face à cela, le fait d'avoir voté Maduro ne sera pas une protection suffisante pour la population des quartiers populaires et pour ce qu'elle a acquis sous Chavez. Avec la baisse du prix du pétrole, Chavez lui-même avait d'ailleurs commencé à tailler dans ses propres programmes sociaux. Et si Maduro a été élu en promettant de continuer sa politique, cela n'offre aucune garantie aux travailleurs et aux pauvres.

La classe ouvrière et la population laborieuse ont montré dans le passé, notamment face aux tentatives de coup d'État de 2002 et 2003, des capacités de mobilisation et de lutte. Ce sont elles qui constituent un espoir pour l'avenir.

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