Dans le monde

Venezuela : La politique d'Hugo Chavez - des mesures sociales, mais pas socialistes

Au Venezuela, les funérailles de Hugo Chavez ont révélé la ferveur dont il bénéficiait dans les milieux populaires ; une ferveur qui n'était pas imposée par un régime que ses détracteurs aiment présenter comme dictatorial, mais qui découle de mesures bien concrètes dont bénéficient les classes populaires.

Depuis quatorze ans, les multiples missions sociales mises en place par le régime ont en effet contribué à réduire les inégalités. C'est d'autant plus remarquable que, dans le monde entier, on assiste à un phénomène inverse, y compris dans les pays riches où, pour préserver et même élargir les profits des grandes entreprises et la fortune des classes privilégiées, on ne cesse de rogner sur les salaires, les pensions ; on consacre de moins en moins d'argent aux services publics et on réduit programmes sociaux et protection sociale.

Certes, c'est l'existence d'une importante rente pétrolière qui a permis au régime chaviste d'en soustraire une part pour financer les missions sociales. Et c'est bien ce que lui reprochent tous ceux, politiciens ou commentateurs, pour qui les profits des multinationales, et accessoirement ceux des classes possédantes locales, passent avant les budgets sociaux. À leurs yeux, ceux-ci ne sont qu'un manque à gagner qui répondrait à un vulgaire « clientélisme », un mal social sur lequel ils ne trouvent pourtant rien à redire quand il bénéficie aux plus riches !

Les plus haineux ont dû admettre les résultats obtenus par le régime chaviste. Ainsi, sous un titre sobre mais résumant les reproches les plus répétés ces jours-ci, « La révolution bolivarienne a privilégié le social au détriment de l'économie », Le Monde a publié des indices évocateurs.

Entre 1998 et 2011, le PIB par habitant est passé de 3 889 à 10 731 dollars. Dans le même temps, le niveau de pauvreté a diminué de 49 % à 27,4 %. De même, un indice de la mesure de la répartition des richesses entre 0 et 1 (0 = égalité parfaite ; 1 = inégalité totale) s'est avéré lui aussi favorable en passant de 0,49 à 0,39. Enfin, la mortalité infantile a reculé de 20,3 à 12,9 pour mille naissances.

On peut ajouter que le régime a obtenu de bons résultats sur le plan éducatif. Pendant les années Chavez, l'Unesco a en effet inscrit le Venezuela sur la liste des États sans analphabétisme.

En 2008, on avait inscrit au bénéfice du régime une progression de 16,5 % de la consommation alimentaire, grâce à la mission qui avait la charge de fournir des denrées de première nécessité, malgré des approvisionnements parfois chaotiques.

Le secteur de la santé a bénéficié, dès le départ, de l'aide et du savoir-faire des médecins cubains, tels que bien des grands bourgeois d'Amérique latine, pourtant anticastristes, préfèrent encore aller se soigner à Cuba. Grâce à cette aide, le régime chaviste a pu ouvrir de nombreux dispensaires de quartier. Mais des dispensaires ont aussi manqué de fournitures médicales ou ont dû fermer. Chavez lui-même avait admis publiquement ces difficultés. De même, en matière de logement, le régime a admis n'avoir construit que 350 000 logements sociaux là où il en faudrait trois millions.

Dans l'ensemble, le chômage a reculé et les missions ont amélioré les conditions d'existence des 20 % les plus pauvres, ce qui n'est pas rien dans une Amérique latine très inégalitaire. Mais, du fait même de l'importance de la manne pétrolière, cela n'a pas empêché les plus riches et les multinationales d'augmenter la part qu'ils prélèvent sur le revenu national. En 2011, les 20 % les plus riches avaient en effet accaparé 44 % de la richesse nationale, quand la part revenant aux 20 % les plus pauvres n'en représentait que 6 %. Il y a donc encore de la marge, aussi bien pour les multinationales que pour les classes possédantes locales, guère égratignées par le « socialisme du 21e siècle » dont Chavez se disait partisan, présenté parfois plus nettement comme un « socialisme avec patrons ». Et ce sont bien là les limites du chavisme.

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