La Poste : L'accord-cadre vers la signature ?18/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2320.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : L'accord-cadre vers la signature ?

Une caution aux suppressions massives d'emplois

Après des mois de palabres avec les organisations syndicales, la direction de La Poste a annoncé fin décembre qu'elle mettait à la signature pour le 21 janvier l'accord-cadre qu'elle avait concocté.

Sur les trente pages de ce texte, l'essentiel tient en une ligne : La Poste annonce qu'entre 2012 et 2014 elle devrait embaucher 15 000 personnes. Il s'agit là d'un faux-semblant, car dans le même temps il y aura au minimum 30 000 départs (principalement en retraite). Le texte revient donc à faire cautionner la suppression d'au moins 15 000 postes, ce qui ferait de cette société anonyme (c'est son statut aujourd'hui) intégralement contrôlée par l'État le premier licencieur du pays. Et c'est bien cela la réalité.

Il est d'ailleurs bien difficile de mesurer l'ampleur des suppressions d'emplois réellement envisagées. Les 10 000 départs annuels, compensés par seulement 5 000 embauches, étaient déjà la norme officielle en 2011. C'est cette hémorragie permanente des emplois qui a fait tomber les effectifs totaux de l'entreprise et de ses filiales largement en dessous des 300 000 salariés qu'elle regroupait il y a encore quelque temps. Et La Poste, si prolixe sur ses ambitions prétendument sociales, fait le grand silence sur le chiffre à venir des effectifs, et donc sur l'importance des suppressions d'emplois qu'elle compte réaliser.

Les réorganisations repartent de plus belle partout, à la distribution, dans les bureaux de poste comme dans les services financiers. Chaque fois, il s'agit d'arriver à supprimer des emplois, que ce soit de postiers en titre ou de salariés d'entreprises sous-traitantes travaillant pour La Poste depuis des années.

D'ailleurs, la direction confirme dans cet accord qu'elle veut encore accélérer le mouvement. Au-delà de tous ses considérants fumeux, le seul point longuement détaillé, avec une série de chiffres précis, est celui des incitations au départ anticipé avant la retraite que La Poste veut encourager, même à partir de 56 ans. Les salariés qui opteraient pour ce départ le feraient avec une perte de 30 % par rapport à leur salaire actuel.

Cet accord proposé à la signature par La Poste est un outil dans son offensive générale contre le personnel. Toutes les discussions qui l'entourent offrent aux syndicats une forme d'existence, avec une multitude de réunions baptisées « concertation » ou encore « dialogue social », qui occupent les permanents et les responsables syndicaux une grande partie de leur temps. Malgré toutes ces palabres, face à ses salariés La Poste se montre un patron parfois pire que les autres, violant la loi, harcelant les salariés, y compris ses cadres, et menant la guerre à ceux qui refusent son jeu et ses connivences.

Dans cet accord, La Poste propose « aux partenaires sociaux » une série d'ateliers, et donc d'interminables réunions pour, dit-elle, « améliorer significativement et durablement les conditions d'emploi et de vie au travail de l'ensemble des postières et postiers ». Et au même moment elle assigne au tribunal le CHSCT des Services financiers de Paris, pour essayer de lui interdire une expertise sur les conditions de travail et de vie dans le centre, à la suite de plusieurs tentatives de suicide de salariés et de cadres, dont l'une s'est terminée par le décès d'une employée sur son lieu de travail. Et cela malgré les injonctions de l'inspection du travail et une première décision de principe du tribunal.

C'est dire que, plus que jamais, pour garantir leur vie et leur avenir, les salariés de La Poste ne peuvent compter que sur la force immense que leur nombre et leur implantation dans le pays peuvent représenter.

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