Editorial

Contre les coups du patronat, faire de 2013 une année de luttes

Le gouvernement a, paraît-il, pris de bonnes résolutions. Il a décidé de... communiquer davantage ! Face aux sondages désastreux, le Premier ministre veut croire avoir péché par manque d'explications. À l'occasion des voeux, les ministres sont donc invités à se déployer pour faire de la « pédagogie ».

Mais le problème ne tient pas au manque de communication, il tient à la politique menée. En huit mois, le gouvernement PS n'a pas pris une seule mesure pour stopper les licenciements et s'attaquer aux bas salaires. Il n'a pas même été capable d'augmenter le smic, car + 0,3 % n'est pas une augmentation, c'est de la provocation ! En 1981, Mitterrand l'avait augmenté de 10 %. La mesure n'avait d'ailleurs pas coûté bien cher au patronat puisqu'elle avait été compensée par une baisse de cotisations !

Alors que le smic ne sera relevé que de 0,3 %, le gouvernement a autorisé 2,4 % de plus pour les tarifs réglementés du gaz, 2,5 % de plus pour l'électricité, entre 2 % et 2,5 % pour le train. En ce début 2013, il a donc programmé l'appauvrissement des smicards.

Si le gouvernement laisse les travailleurs et les chômeurs dans la galère, il comble le grand capital. Il a rassuré les financiers au point que la Bourse a terminé l'année 2012 en fanfare. Il a ravi jusqu'à Parisot, la patronne du Medef, qui ne s'attendait pas à ce que Hollande lui fasse un cadeau équivalent à vingt milliards de baisse de cotisations sociales alors que Sarkozy n'en avait promis que treize. Le gouvernement Hollande-Ayrault fait comme tous les gouvernements : il sert les maîtres de l'économie.

La seule chose que la droite peut reprocher à Ayrault, si le gouvernement ne l'enterre pas, c'est la taxe de 75 %. Mais le fait que la polémique soit alimentée par Depardieu, montre qu'il s'agit d'abord et avant tout de cinéma. Les affaires sérieuses se situent à un tout autre niveau. Et parmi elles, il y a les négociations qui se déroulent en coulisse depuis des mois entre patronat et syndicats.

Quel que soit leur dénouement, qu'il se trouve des dirigeants syndicaux pour s'abaisser à signer ce prétendu accord ou que le gouvernement tranche par la loi, c'est le patronat qui imposera ses exigences de flexibilité.

Hollande a déjà repris à son compte le chantage patronal en osant déplorer « la peur de l'embauche pour les employeurs ». Quand on sait que 80 % des embauches se font en CDD et que du jour au lendemain les intérimaires peuvent se retrouver à la porte, c'est une sinistre plaisanterie ! Le patronat n'a déjà pas beaucoup de contraintes, mais il n'en veut plus du tout. Il veut une main-d'oeuvre corvéable et malléable à merci. Il veut pouvoir licencier le plus vite possible, le moins cher possible. En entrant dans son jeu, le gouvernement fait la politique des licencieurs.

Le recul des conditions de vie pour les classes populaires, l'aggravation de l'exploitation, n'ont rien à voir avec la fatalité, ils résultent de la guerre de classe que le patronat mène aux travailleurs avec la complicité du gouvernement.

Alors, les travailleurs ont à combattre tout à la fois la politique patronale et la politique du gouvernement. Seules les luttes les plus massives possibles, les plus déterminées, peuvent les empêcher de nous faire reculer. Oui, les luttes sont difficiles et aucune n'est gagnée d'avance, mais si les travailleurs ne défendent pas eux-mêmes leurs intérêts, ils sont sûrs de perdre.

Aucune baguette magique n'arrêtera les licenciements et les fermetures d'entreprises en 2013. Tout porte à croire que l'hémorragie va continuer.

La nouvelle année commence par exemple avec l'annonce de mise en cessation de paiement de Virgin Megastore. La direction de Virgin veut fermer 26 magasins et licencier ses 1 100 salariés : il faudrait le lui interdire ! Elle aligne les mauvais chiffres, mais elle fait comme tous ceux qui veulent noyer leur chien et prétendent qu'il a la rage. Cette chaîne de magasins appartient au fonds d'investissement Butler Capital qui gère quelque 500 millions d'euros et son principal actionnaire, Walter Butler, est un baron de la finance. Alors, le forcer à maintenir les emplois ne le mettrait pas sur la paille.

À Virgin comme à PSA, Electrolux, SFR, Sanofi, il faudrait interdire les licenciements. L'interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, doivent devenir le combat de tous les travailleurs, l'objectif des luttes les plus massives.

Le monde du travail doit se mobiliser pour ses propres priorités : les emplois, les salaires et les retraites. C'est la seule bonne résolution qui vaille pour 2013 !

Éditorial des bulletins d'entreprises du 7 janvier

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