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Montbéliard : Grève au collège Brossolette -- Les enfants des quartiers populaires n'ont pas à payer la catastrophe sociale

Le collège Pierre-Brossolette est le collège du plus grand quartier populaire de Montbéliard, rongé par un taux de chômage très élevé. Sur 490 élèves, les deux tiers sont boursiers. C'est la situation sociale catastrophique qui est la cause écrasante des difficultés.

Mais la misère n'est pas seulement matérielle, elle est aussi morale. Les jeunes retranscrivent dans l'école la violence qu'on leur fait vivre à l'extérieur. Insultes, coups, « loi du plus fort » deviennent le quotidien. Le quartier a récemment été classé ZSP (zone de sécurité prioritaire) par le ministère de l'Intérieur, c'est-à-dire qu'il sera sillonné par plus de policiers et de CRS. Au lieu d'une école de qualité et d'un emploi stable, c'est la pédagogie de la matraque.

La fusion des deux collèges du quartier et l'arrivée d'une nouvelle équipe de direction l'an dernier ont compliqué les choses. Le personnel de direction veut que rien ne filtre au-dehors des problèmes qu'il y a à l'intérieur et refuse systématiquement les propositions du personnel. Dépassée par la situation, la direction tient des propos démagogiques pour justifier son inaction. Elle met les dysfonctionnements de l'établissement sur le compte de telle ou telle personne, souvent les agents de service ou les secrétaires, qui sont des cibles plus faciles que les enseignants. Les services administratifs de la direction d'académie et du rectorat de l'académie de Besançon sont au courant de cette attitude indigne et... laissent faire.

La montée de la violence et les tentatives pour diviser le personnel ont fini par mettre tout le monde en colère. Le rectorat a été obligé d'accorder une demi-journée de concertation et la présence d'un « médiateur », à qui le personnel a signifié un ras-le-bol unanime. Mais cela ne faisait pas le compte. Mardi 18 décembre, 38 personnes sur 90 -- agents d'entretien et administratifs, personnel de santé, assistants, enseignants -- se sont mis en grève. Soutenus par des parents d'élèves, ils veulent un plan d'action capable de contrer la violence. Par ce mouvement de colère, ils se sont fait respecter.

Le personnel du collège Brossolette ne baisse pas les bras ; il refuse que les enfants des classes populaires subissent, avec la complicité du rectorat, l'incurie de cette société malade.

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