Leur société

Lille : Deux mois de grève de la faim pour des papiers -- Régularisez !

À Lille, le 2 novembre 2012, une centaine de travailleurs sans papiers ont entamé une grève de la faim pour leur régularisation. Certains de ceux qui, à la date du dimanche 30 décembre, continuaient leur grève de la faim risquent d'avoir des séquelles biologiques définitives. Par ailleurs, le Comité des sans-papiers du Nord (CSP59) réclame d'être réintégré parmi les organisations habilitées à négocier les dossiers des sans-papiers en préfecture, comme de 1997 à 2007.

Après leur évacuation par la police d'un temple protestant qu'ils occupaient, les sans-papiers ont été dispersés par la police dans différents foyers et hôpitaux de toute la région. À ce jour ils se sont rassemblés et abrités sous une tente collective devant le parvis d'une église de Lille -- dont ils ont aussi été expulsés -- alors que les températures sont à peine au-dessus de zéro, et la pluie battante.

Ces femmes et ces hommes viennent d'Algérie, du Maroc, de Guinée et de Thaïlande. Nombreux sont ceux qui vivent et travaillent en France depuis des années, dans tous les métiers qui exploitent cette main-d'oeuvre sans papiers. Leur recours à la grève de la faim vient de leur volonté désespérée d'obtenir leur régularisation d'un gouvernement nommé par Hollande, qui s'était fait élire sur le slogan « Le changement c'est maintenant ! » Mais rien n'a changé pour les travailleurs sans papiers et leurs familles.

Ce n'est que le 19 décembre, plus de six semaines après le début de la grève de la faim, que le préfet du Nord, négociant avec le CSP59 et la Ligue des droits de l'homme, a évoqué une promesse de régularisation pour seulement neuf d'entre eux. Aux autres, il a été rétorqué qu'il fallait remplir les critères de la nouvelle circulaire Valls qui, dans le fond, ne diffèrent pas des critères en vigueur sous la droite. Il faut par exemple que ces travailleurs fournissent des contrats de travail, des fiches de paie et des promesses d'embauche, alors que la plupart du temps ils n'étaient embauchés que clandestinement.

L'application de cette circulaire est poussée jusqu'à l'absurde : les services de la préfecture ont demandé à une personne de 71 ans, dont le fils unique vit légalement en France, de fournir des contrats de travail français !

À l'absurdité administrative s'ajoute le mépris. Depuis qu'ils sont installés devant le parvis de l'église de Lille, les sans-papiers demandent à la municipalité d'installer des toilettes chimiques, en vain. Martine Aubry, maire de Lille, les avait pourtant accordées dans une précédente grève de la faim en 2007, mais à l'époque c'était la droite qui était au pouvoir et le PS jouait à l'opposant. Et au mépris se rajoute la brutalité. Des grévistes de la faim ont été conduits au tribunal encadrés par des policiers, l'un d'entre eux s'est effondré.

Dimanche 30 décembre, deux grévistes de la faim ont été arrêtés, placés en centre de rétention, puis transportés jusqu'à Roissy pour finalement être expulsés vers l'Algérie.

Vis-à-vis des travailleurs sans papiers, le PS au pouvoir emploie les mêmes méthodes pour appliquer la même politique, dans la droite ligne de celle de Sarkozy-Guéant-Hortefeux.

La moindre des choses serait que les travailleurs sans papiers, ceux qui risquent leur vie par leur grève de la faim, comme tous les autres qui vivent et travaillent parmi nous, soient régularisés immédiatement.

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