Médicaments génériques : La santé c'est de l'argent12/12/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/12/une2315.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médicaments génériques : La santé c'est de l'argent

Selon une enquête d'opinion réalisée par l'Ifop et un groupement de pharmaciens, la confiance envers les médicaments génériques baisse dans la population. Alors qu'en 2011, ils étaient 77 % à considérer que les génériques étaient aussi efficaces que les médicaments d'origine, ils ne seraient plus aujourd'hui que 72 %.

Et s'ils étaient 71 % à considérer les génériques comme aussi sûrs que les originaux, ils ne sont plus que 61 %. Enfin et peut-être surtout, une personne sur deux serait opposée à cette disposition qui fait que, depuis le 1er juillet, il faut faire l'avance du paiement quand on refuse la délivrance du générique par la pharmacie.

Le but de cette mesure est d'inciter à utiliser les génériques, a priori moins chers. En effet ce sont des copies de médicaments d'origine, qui peuvent être fabriqués par tout laboratoire dès lors que leurs brevets sont tombés dans le domaine public. Les génériques représentent une économie pour l'Assurance maladie qui les rembourse. Mais il ne faut bien sûr pas croire que les laboratoires qui les fabriquent sont des officines de bienfaisance. Ce sont des capitalistes, comme les autres.

Depuis la publication de l'enquête, on entend beaucoup parler des laboratoires fabricants de génériques indiens et chinois, mais il en est de bien français tel Biogaran, l'un des plus gros, qui n'est autre qu'une filiale de Servier, ou encore Zentiva, filiale de Sanofi consacrée à la fabrication de ses propres génériques.

Montrant du doigt les fabricants chinois et indiens, le 10 décembre Le Parisien annonçait à la une, parlant de leurs produits : « Ces médicaments sont pour l'essentiel fabriqués à l'autre bout du monde dans des conditions difficilement contrôlables ». Outre que la généralisation est manifestement plus qu'abusive, ce n'est pas la distance qui rend incontrôlables les fabrications. Pour s'en convaincre il n'est qu'à se souvenir du Mediator, des contrôles dont il a fait l'objet pendant plus de trente ans par des organismes tout ce qu'il y a « bien de chez nous », mais qui n'ont pas évité les centaines de décès. Le Mediator était fabriqué à Orléans et pas en Chine. Mais Servier savait s'entourer.

Dans ces affaires de production de médicaments, vers où qu'on se tourne et à quelque niveau que ce soit, on se retrouve toujours face au « marché », aux profits que les industriels et leurs actionnaires sont avides d'amasser. Et l'actuelle dénonciation des génériques pourrait bien être une campagne émanant de l'industrie pharmaceutique, du moins de sa composante qui frémit de voir ses ventes écornées par le développement des génériques. En effet, si le chiffre d'affaires des ventes de médicaments en France est passé de près de 12 milliards d'euros en 1990 à plus de 50 milliards en 2010, il baisse depuis. Entre autres à cause des génériques.

Le combat fait donc rage pour quelques milliards de plus, sans qu'on ait le moyen de savoir ce qu'il en est de l'essentiel : l'efficacité et la sécurité des médicaments et la santé de leurs utilisateurs.

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