Italie : Berlusconi, une drôle d'opposition12/12/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/12/une2315.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Berlusconi, une drôle d'opposition

Installé au gouvernement il y a un an, après que Berlusconi a été forcé au départ, Mario Monti a déclaré le 8 décembre qu'il donnera sa démission d'ici la fin du mois, dès que la loi de finances de l'année 2013 aura été adoptée. Sa décision est intervenue peu après que Berlusconi a annoncé son intention de revenir en politique et de diriger la campagne de son parti le « Peuple de la Liberté » (PdL) en vue des élections législatives prévues pour février ou mars 2013.

Mario Monti s'était imposé en novembre 2011, lorsque la pression de la spéculation financière sur la dette italienne avait contraint Berlusconi à démissionner et les principaux partis parlementaires à apporter leur soutien à ce soi-disant « gouvernement technique » dirigé par un professeur d'économie, mais surtout composé de représentants des banques. Le PdL de Berlusconi lui avait apporté son soutien, mais aussi à gauche le Parti démocrate, et d'autres partis de moindre importance.

C'est ainsi, au nom d'une prétendue nécessité économique et en bénéficiant de l'appui des principaux partis, que Monti a pu mener son affaire depuis un an, en imposant une politique d'austérité draconienne : augmentation de l'âge de la retraite, réforme de la législation du travail autorisant les licenciements, « pacte de compétitivité » dérogeant aux conventions collectives, coupes claires dans les dépenses publiques. Monti promettait qu'ainsi l'Italie sortirait de la crise, au contraire elle s'y est enfoncée un peu plus.

Le résultat clair est que Monti a pu imposer toutes ces mesures pratiquement sans rencontrer de réaction, grâce à la collaboration de la gauche et des organisations syndicales. En même temps les capitalistes et les banquiers d'Italie et de toute l'Europe ont pu se glorifier du fait qu'après l'épisode Berlusconi, le pays avait retrouvé sa « crédibilité internationale ». Autrement dit les institutions financières étaient désormais rassurées : grâce à la capacité de Monti à faire payer la population italienne, les intérêts de la dette seraient payés rubis sur l'ongle.

La parenthèse est cependant terminée, car le terme de la législature approche et les partis se mettent en ordre de marche. Les primaires du Parti démocrate viennent de désigner son secrétaire Perluigi Bersani comme candidat de la gauche à la présidence du Conseil, sans pour autant formuler la moindre critique à la politique gouvernementale. La gauche est candidate à gouverner dans la parfaite continuité avec l'austérité de Monti, voire à la recherche d'une solution de coalition à laquelle pourrait s'intégrer le « professore ».

Le pire est donc que Berlusconi, le capitaliste scandaleux, mafieux et riche à milliards, qui peut aujourd'hui lever le drapeau de l'opposition à Monti en retirant l'appui de son parti au « gouvernement technique ». Et d'annoncer qu'il combattra la politique de rigueur, les impôts, l'euro et les diktats de l'Allemagne, sans oublier ceux qu'il appelle les « juges rouges », coupables de poursuivre les multiples procès dans lesquels Berlusconi est impliqué.

Après des années de crise et d'austérité, le mécontentement est grand au sein de la population italienne et Berlusconi pense qu'il pourra l'exploiter par quelques formules démagogiques. Mais ce qui règne au sein des classes populaires est aussi une profonde désillusion à l'égard des politiciens en tout genre, ainsi qu'une absence de perspectives face à une crise dont tous leur disent qu'elles doivent la payer. Si Berlusconi parvenait à capter le mécontentement pour se hisser au prochain gouvernement, les dirigeants de la gauche en seraient les premiers responsables.

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