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Afghanistan -- le retour des soldats français : Onze ans d'intervention militaire... et pour quoi ?

Les dernières unités combattantes des soldats français finissent de quitter l'Afghanistan. À partir de 2013, il ne restera plus que 1 500 militaires regroupés à Kaboul ; un millier jusqu'à l'été pour assurer le retour du matériel, et cinq cents qui resteront ensuite pour la formation de soldats afghans, les services médicaux ainsi que la sécurité de l'aéroport.

Onze ans d'occupation militaire française en Afghanistan, et pour quels résultats ? 60 000 soldats français se sont succédé dans ce pays, même s'ils n'y étaient que quelques milliers en même temps. 88 ont été tués, dont 55 dans la Kapisa, région que les troupes occupaient et que l'état-major prétendait contrôler, 725 ont été blessés et le service de santé des armées évalue à 7 % le nombre de ceux qui souffrent du « syndrome afghan », c'est-à-dire de troubles psychologiques graves : dépression, alcoolisme, violence, difficulté, voire impossibilité à se réinsérer dans la société, etc.

Du côté financier, la participation française a coûté au budget 400 millions d'euros par an en moyenne, soit plus d'un million par jour, qui n'ont pas été perdus pour tout le monde : les marchands d'armes, les grands trusts de l'électronique et de l'aéronautique ont bénéficié de cette manne qui elle, contrairement aux budgets sociaux, n'a pas connu la crise.

Hollande a avancé d'un an le retour des troupes françaises, qui se fait conjointement avec celui d'autres troupes de l'Otan. Mais cela ne fait pas oublier que c'est un autre gouvernement socialiste, celui de Jospin, qui avait décidé de se joindre à la coalition menée par le gouvernement américain en octobre 2001 contre les talibans au pouvoir en Afghanistan. Il ne s'agissait pas tant de préserver des intérêts économiques quasiment inexistants à l'époque que d'être dans le camp impérialiste, celui des grandes puissances qui entendent imposer leur ordre aux peuples de la planète. Et en cela, Jospin était bien dans la tradition colonisatrice défendue par les dirigeants du Parti socialiste.

Le but affiché de l'opération « Enduring Freedom » était d'instaurer un régime démocratique, de lutter contre le terrorisme et l'obscurantisme, et d'aider la population afghane. On voit ce qu'il en est aujourd'hui. Les troupes d'occupation n'ont jamais réussi à s'imposer, elles sont haïes par la population afghane, et pour cause ! Des milliers de civils afghans ont été tués (plus de 12 000 ces cinq dernières années), victimes des troupes d'occupation et des attentats perpétrés par les insurgés. Des villes sont dévastées. Les habitants fuient les zones de combat, perdant ainsi leurs moyens de subsistance, et sont contraints de vivre dans une insécurité physique et alimentaire permanente. Les idées réactionnaires progressent, notamment à l'encontre des femmes pour qui toute tentative d'émancipation est un délit. Plusieurs centaines de femmes et de filles sont emprisonnées pour « crimes moraux » parce qu'elles ont fui la violence domestique ou les mariages forcés.

Quant au régime corrompu de Barzaï, soutenu par les gouvernements occidentaux, il est peu probable qu'il résiste longtemps après le départ de leurs troupes, avant de devoir laisser la place à une lutte pour le pouvoir entre chefs tribaux et talibans islamistes.

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