Leur société

Réacteur nucléaire EPR : Deux milliards de plus et un nouveau retard

La centrale nucléaire EPR en construction à Flamanville, dans la Manche, n'en finit pas de connaître des déboires : surcoûts continuels, malfaçons, retards à répétition, etc. Et maintenant on vient d'annoncer que ce gouffre financier va encore s'alourdir de deux milliards d'euros supplémentaires et d'un retard qui s'ajoutera aux précédents.

On est passé d'un projet censé coûter au départ 3,3 milliards d'euros à 8,5 milliards actuellement (à supposer que ce soit fini) et qui devait être réalisé en quatre ans alors qu'il en demandera huit... si ce n'est pas plus. Bref, pour le moment, il s'agit d'un énorme fiasco.

Ce serait la faute à pas de chance, prétendent certains qui disent qu'il s'agit d'un projet nouveau et que, dans ce domaine, ce genre de dépassements se produit.

Sans doute, mais ce qui n'est pas dit c'est qu'en se lançant dans la construction de l'EPR, dans les années 2000-2006, Areva, puis EDF n'étaient absolument pas prêts. Si certains ingénieurs et techniciens, au CEA notamment, travaillaient à préparer des réacteurs nucléaires du futur, quasiment rien ne se faisait à Areva et à EDF. Quand la direction a annoncé qu'on allait soudain construire l'EPR, les plans n'étaient pas préparés. Peu importe, répondit la direction, il y avait une nécessité commerciale impérative de construire un premier EPR. Celui-ci servirait de vitrine et permettrait ensuite d'en vendre d'autres partout dans le monde. Prêts ou pas prêts, il fallait donc y aller quand même !

Le résultat, on le voit maintenant : les constructeurs de l'EPR découvrent les problèmes au fur et à mesure qu'ils se posent et doivent constamment rajouter de nouveaux délais et de nouvelles dépenses. Et l'EPR de Flamanville comme celui en construction en Finlande sont toujours en souffrance. Quant à vendre des EPR dans le monde entier, si pour le moment la Chine a bien passé commande de deux unités, pour le reste ça s'arrête là.

Areva et EDF, qui ont voulu improviser en jouant avec la sécurité, se sont tiré une balle dans le pied. Et en définitive ce sera aux consommateurs de payer la dépense supplémentaire et la gabegie des directions.

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