Allemagne : Après la grève à la Lufthansa21/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2312.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Après la grève à la Lufthansa

En Allemagne, le conflit qui a touché la compagnie aérienne Lufthansa s'est conclu, mi-novembre, par un accord entre la direction et le syndicat catégoriel UFO concernant les 19 000 membres du personnel navigant commercial (hôtesses et stewards).

Fin août et début septembre, plusieurs journées de grève avaient largement perturbé le trafic et conduit la Lufthansa à annuler plus de mille vols. La grève s'était arrêtée après la promesse de la direction de ne plus avoir recours à l'intérim. Puis avait suivi une longue période de négociation... sous l'autorité d'un conciliateur, Bert Rurup, un expert économique, membre du SPD, mais lui-même patron, fondateur d'une société de conseil aux entreprises.

Comme toujours, après avoir laissé s'exprimer la force des travailleurs pendant quelques jours, les dirigeants syndicaux se sont empressés de négocier un compromis, en laissant retomber la pression. Ceux du syndicat UFO, qui s'est séparé de la centrale syndicale DGB en 1992, n'ont pas une pratique différente dans ce domaine.

La direction de l'entreprise s'est engagée à ne pas procéder à des licenciements d'ici la fin 2014 et à ne pas avoir recours à l'intérim, au moins jusqu'en 2016. Sur le plan salarial, après trois années de vaches maigres, les travailleurs vont toucher une prime de rattrapage de 320 euros et une augmentation de 3,95 % sur la période des deux ans à venir. Mais les augmentations d'indice pour les nouveaux embauchés vont être revues à la baisse et la flexibilité du temps du travail va être aggravée pour tous.

C'est donc un compromis, où les revendications de départ, en particulier 5 % d'augmentation, n'ont pas été totalement satisfaites. Mais c'est déjà ça, dans un contexte où le patronat arrive à imposer des reculs sans réaction notable. Lufthansa met ainsi en place, parallèlement, un plan de suppression de 3 500 postes dans les services administratifs.

Il reste maintenant aux plus de 10 000 membres d'UFO à voter pour dire s'ils acceptent cet accord. Comme tous les travailleurs qui se défendent, ils ont été traités de « privilégiés » qui conduiraient l'entreprise à sa ruine, mais ils ont montré qu'on pouvait ne pas céder devant ce type de calomnie. De quels privilégiés parle-t-on d'ailleurs ? Une hôtesse de l'air, qui travaille en équipe, le week-end, et passe souvent la nuit hors de chez elle, commence ainsi sa carrière avec un salaire de base de 1 780 euros brut, et la termine avec environ le double. Alors que les dirigeants qui ont déversé des calomnies sur les grévistes gagnent cette somme chaque jour...

Le personnel de cabine de la Lufthansa peut être fier d'avoir redressé la tête. Et il a vérifié que le seul langage que comprennent les patrons est celui de la détermination.

Partager