Leur société

Le scandale de l'amiante : Martine Aubry mise en examen

Convoquée mardi 6 novembre par la juge Bertella-Geffroy en charge du dossier de l'amiante, Martine Aubry a fait savoir par avance qu'elle demanderait l'annulation de sa mise en examen pour homicide involontaire. L'ancienne secrétaire du PS avait déjà fait repousser une première convocation début octobre à cause d'un « problème d'agenda ».

Apparemment, Martine Aubry ne semble pas apprécier que la justice se penche sur les liens qui existaient entre le ministère du Travail, où elle était directrice des relations au travail entre 1984 et 1987, et le Comité permanent amiante, le CPA. Pas plus qu'elle ne souhaite voir mise en évidence sa responsabilité dans le fait que l'amiante continua alors à être largement utilisé dans l'industrie et le bâtiment, malgré le danger mortel qu'il représentait et qui était connu depuis des décennies.

Pourtant, le ministère du Travail, comme celui de la Santé, semblent être largement impliqués dans le scandale de l'amiante, notamment parce que des hauts fonctionnaires dépendant de ces ministères étaient des membres du CPA. Cet organisme financé par les industriels de l'amiante avait le monopole de la communication sur ce produit et a oeuvré pendant des années à retarder son interdiction en France, défendant l'idée qu'un « usage contrôlé » de l'amiante ne serait pas dangereux.

Jean-Luc Pasquier, un des adjoints de Martine Aubry, a déjà été mis en examen par la juge Bertella-Geffroy pour sa participation au CPA. Pour sa défense, il avance qu'il était allé au CPA « sur ordre de [ses] différents supérieurs hiérarchiques, y compris de Martine Aubry. Elle était tenue au courant de tous les dossiers chauds, et l'amiante en faisait partie ». Cette dernière se défend comme un diable, se retranchant derrière l'argument qu'elle n'avait reçu « aucune alerte du ministère de la Santé, d'autres acteurs ou des chercheurs » concernant les dangers de l'amiante. Et pour cause, si elle n'écoutait que les chercheurs ou acteurs mouillés jusqu'au coup dans le CPA !

Martine Aubry explique aussi que la nécessité d'interdire l'amiante en France ne serait apparue qu'en 1994, laissant sous-entendre qu'il est normal qu'elle n'ait pas agi au moment où, de son poste au ministère du Travail, elle avait les moyens d'interdire l'utilisation de cette matière mortifère.

À l'entendre, Martine Aubry serait aussi blanche que « l'or blanc », surnom donné à l'amiante, dont les victimes se comptent déjà par dizaines de milliers.

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