Italie : Pour le PDG de Fiat, un ouvrier licencié pour un ouvrier repris07/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2310.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Pour le PDG de Fiat, un ouvrier licencié pour un ouvrier repris

Après que la cour d'appel de Rome a donné raison à la Fiom, la fédération de la métallurgie de la CGIL, dans sa plainte contre la discrimination à l'encontre de ses adhérents exercée par le patron de Fiat, celui-ci a déclaré tout simplement que, pour un ouvrier qu'on l'obligerait à reprendre, un autre serait mis à la porte.

De la part de Marchionne, PDG du groupe automobile italien, ce n'est que la poursuite de sa logique esclavagiste. En 2010, il a imposé dans son usine de Pomigliano d'Arco, près de Naples, un accord dérogeant aux conventions collectives et même à la loi, mais promettant en échange du travail pour tous. À la suite de l'accord, les travailleurs de Fiat devaient être licenciés, puis tous repris individuellement par une « new company » à l'américaine, en acceptant les nouvelles règles, et notamment celle de ne pas faire grève contre les heures supplémentaires sous peine de licenciement. Enfin, la représentation syndicale était refusée, dans cette nouvelle entreprise, aux syndicats n'ayant pas signé l'accord, en premier lieu la Fiom.

Deux ans après, sur 5 500 travailleurs concernés, il en reste encore 2 500 qui n'ont pas été repris dans la « new company », dont tous les adhérents de la Fiom. La discrimination à leur encontre est évidente et le tribunal l'a reconnue pour les 145 qui ont porté plainte. C'est à quoi Marchionne a répondu, au mépris de la décision de justice, que, le marché automobile étant ce qu'il est, on ne peut l'obliger à reprendre un seul travailleur de plus. Pour les 19 ouvriers que la cour le contraint à réintégrer dans l'immédiat, en attendant le jugement pour les 126 autres, il en licenciera donc 19, choisis parmi les embauchés actuels.

Il s'agit évidemment de jouer la division, en tentant de dresser ceux qui ont été réembauchés contre ceux qui ne le sont pas, à commencer par les adhérents de la Fiom. Pour un Marchionne, les travailleurs ne sont qu'un réservoir de main-d'oeuvre dans lequel il puise selon ses besoins et il ne leur reconnaît aucun droit, sinon celui d'être à sa disposition.

Dans le même temps, tout comme en France, la presse et le gouvernement italiens mènent campagne contre les « rigidités » et le « coût du travail », qui soi-disant feraient obstacle à la reprise de l'économie. La logique Marchionne montre clairement ce que ça cache, et où veulent en arriver les patrons.

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