Dans le monde

Hollande et Netanyahou : Je t'aime moi aussi

La visite en France du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui s'est déroulée les 31 octobre et 1er novembre, a été pour Hollande l'occasion de piétiner sans aucune honte ni retenue les quelques idées concernant le conflit israélo-palestinien, pourtant bien générales et bien vagues, qu'il avait formulées avant son élection.

Dans le 59e engagement de son programme, Hollande affirmait vouloir prendre « des initiatives pour favoriser, par de nouvelles négociations, la paix et la sécurité entre Israël et la Palestine ». Et il ajoutait : « Je soutiendrai la reconnaissance internationale de l'État palestinien. »

Face à Netanyahou, même ce peu avait disparu. Au-delà des habituelles réserves sur la colonisation, maintes fois répétées mais sans jamais être accompagnées de la moindre exigence, Hollande s'est tout bonnement aligné sur la politique des gouvernants israéliens. Dans la conférence de presse commune avec le Premier ministre d'Israël, Hollande a ainsi souhaité « la reprise -- sans conditions -- des négociations entre Israéliens et Palestiniens ». Tout est dans le « sans conditions », qui signifie : sans qu'au préalable soit mis fin à la colonisation des terres de Cisjordanie, et en interdisant même aux Palestiniens de le demander en préambule à toute discussion. C'est là depuis toujours la position d'Israël, à laquelle Hollande souscrit volontiers.

La question de la colonisation est pourtant essentielle. Si les gouvernants israéliens ne tiennent pas à un accord avec les Palestiniens, c'est d'abord parce qu'ils convoitent les terres sur lesquelles pourrait s'édifier un État palestinien. Il existe aujourd'hui, dans le petit territoire de la Cisjordanie, 120 colonies israéliennes qui le divisent et le morcellent, rendant d'ailleurs de plus en plus aléatoire, voire même improbable, la solution à deux États. Une commission mise en place par Netanyahou a même récemment recommandé de légaliser toutes les colonies de Cisjordanie et d'assouplir les réglementations (déjà très permissives) afin de faciliter encore plus les implantations à venir.

La reconnaissance de l'État palestinien a elle aussi été enterrée. Il y a, a dit Hollande, « la tentation pour l'Autorité palestinienne d'aller chercher à l'Assemblée générale des Nations unies ce qu'elle n'obtient pas dans la négociation. Seule la négociation pourra déboucher sur une solution définitive à la situation de la Palestine. » Exit donc son engagement à soutenir « la reconnaissance internationale de l'État palestinien ».

Quant à Gaza, il n'en a pas été question dans les propos de Hollande. Même les timides mesures d'allégement qu'il avait auparavant souhaitées afin d'aboutir « à la levée du blocus » n'ont pas été formulées.

Même Sarkozy pouvait de temps à autre avoir quelques éclairs de lucidité et avait confié, en marge du G20 de Cannes en novembre 2011 : « Je ne peux plus le voir, c'est un menteur. » Il parlait de Netanyahou... celui-là même à qui Hollande fait les yeux doux et pour lequel il se renie.

Partager