Recul de la contraception : C'est aussi une question financière31/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2309.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Recul de la contraception : C'est aussi une question financière

Vendredi 26 octobre, les députés ont voté la gratuité des contraceptifs pour les mineures de 15 à 18 ans à compter de 2013 -- une mesure qui concernera 1 139 000 personnes -- et la prise en charge par l'Assurance-maladie des interruptions de grossesse (IVG) pour toutes les femmes, et pas seulement les mineures comme c'est le cas aujourd'hui. Une des promesses du candidat Hollande est donc ainsi tenue, pour un montant estimé de 16,73 millions d'euros. On ne peut que se féliciter de ces décisions car dans le domaine de la contraception la situation faite aux femmes devenait alarmante, comme le montrait une récente enquête.

Chez les femmes de 20 à 24 ans, l'usage de la pilule contraceptive a régressé de 10,4 % par rapport au début des années 2000, alors que le recours à d'autres méthodes hormonales (implant, patch, anneau vaginal) n'a augmenté que de 5,1 %. Des jeunes de plus en plus nombreux ont leur premier rapport sexuel non protégé. On assiste donc à un véritable recul par rapport aux décennies précédentes, qui avaient été marquées par un développement de la contraception, grâce en premier lieu à la pilule, aujourd'hui utilisée seulement par la moitié des femmes en âge de procréer.

Les raisons sont certainement multiples, parmi lesquelles un retour, ces dernière années, de préjugés réactionnaires amenant certaines jeunes femmes à y renoncer. Mais ce que montre aussi l'enquête avec certitude, c'est l'existence d'un problème financier. Malgré la décision de rendre les contraceptifs gratuits pour les mineures, la contraception a un coût, car aujourd'hui la pilule et le stérilet ne sont remboursés au maximum qu'à 65 %. Les femmes en difficulté financière utilisent moins la pilule car son recours « peut représenter un budget important lorsque les femmes se voient prescrire des marques non remboursées, ce qui est le cas de 42 % d'entre elles », souligne l'enquête. Une chercheuse ajoute que « le recul est plus marqué dans les milieux les plus défavorisés. C'est une tranche d'âge touchée par la crise, car on y entre dans la vie adulte sans être dans une situation stable ». Le combat pour la contraception n'est donc pas terminé car aujourd'hui les femmes des milieux les plus modestes payent la crise et la baisse de leur pouvoir d'achat par une régression d'un droit acquis de haute lutte.

De plus, la diminution des moyens touche aussi directement les structures de santé. Il y a deux ans était prévue une diminution de 42 % du budget de fonctionnement des centres de planning familial, qui a finalement pu être empêchée, mais les crédits des centres restent insuffisants. Le Planning familial revendique la possibilité réelle pour les jeunes d'accéder de façon anonyme à la contraception sur tout le territoire, ainsi que le remboursement de tous les moyens de contraception, « seul garant d'un véritable choix ». Malgré les dernières mesures prises par le gouvernement, on en est encore loin.

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