PSA -- Aulnay-sous-Bois : Un premier recul de la direction31/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2309.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA -- Aulnay-sous-Bois : Un premier recul de la direction

Jeudi 25 octobre, face à la mobilisation des travailleurs, la direction de PSA a renoncé à la tentative de passage en force qu'elle avait prévue.

Au comité central d'entreprise (CCE) du 25 octobre, la direction avait mis à l'ordre du jour l'autorisation des mobilités internes et externes, un point qui, s'il avait été voté par les élus, lui aurait permis de démarrer immédiatement des mutations provisoires d'Aulnay vers d'autres usines, avec l'objectif évident de vider l'usine en divisant les travailleurs sur cette question. Mais sa manoeuvre a échoué, et elle a préféré retirer ce point de l'ordre du jour. Mieux, elle a accepté ce qu'elle refuse depuis des mois, engager des négociations sur les revendications des travailleurs.

Il faut dire que les derniers jours ont été agités à l'usine, où la direction a pu constater que la détermination d'un noyau important de travailleurs ne faiblit pas. Le jeudi même, jour du comité central d'entreprise, les travailleurs d'Aulnay sont intervenus sur deux fronts. D'abord devant le siège de l'avenue de la Grande-Armée à Paris, où plus de 350 ouvriers sont venus déposer une motion signée en une journée par un millier de travailleurs de l'usine, pour faire pression sur les élus du CCE. Dans le même temps, une équipe de travailleurs réservait une petite surprise à la direction. Dès l'aube, une soixantaine d'ouvriers d'Aulnay sont allés visiter l'usine Faurecia de Méru, dans l'Oise, une filiale de PSA qui fabrique notamment les planches de bord pour Aulnay et Poissy.

Une fois dans l'usine Faurecia, les travailleurs d'Aulnay ont défilé dans les ateliers en scandant leurs slogans, en allant saluer les ouvriers et leur expliquer leur présence. Les travailleurs de Faurecia ont réservé un accueil chaleureux aux travailleurs d'Aulnay. Dans chaque secteur, les manifestants ont fait une courte prise de parole et, à chaque fois, des ouvriers et ouvrières quittaient leur poste quelques minutes pour venir les écouter et les applaudir, malgré la présence des chefs et d'un huissier tiré du lit en catastrophe par la direction. Ceux qui n'osaient pas quitter leur poste reprenaient les slogans : « Non aux licenciements, aucune usine ne doit fermer ! PSA-Faurecia, même patron même combat ! » D'autres saluaient du poing levé.

« Nos problèmes sont vos problèmes, expliquait le délégué qui tenait le micro. Nous faisons partie de la même famille, d'abord parce que nous travaillons pour le même patron, et ensuite parce que toute la classe ouvrière connaît les mêmes problèmes. Les patrons, ils sont tous solidaires -- alors un jour, il faudra bien que nous, les travailleurs, agissions tous ensemble. » Ou encore : « Ce n'est pas de la solidarité que nous vous demandons. Ce que nous voulons vous dire, c'est qu'il nous faudra nous battre tous ensemble, sur les salaires, et sur l'emploi. » Le long des chaînes, les discussions sont allées bon train, sur les conditions de travail, l'intérim, les salaires minables. Des ouvrières expliquaient aux camarades d'Aulnay qu'en plusieurs dizaines d'années de travail, elles n'avaient jamais vu d'autres ouvriers venir ainsi s'adresser à elles, et l'une d'elles ne parvenait pas à cacher son émotion.

Après avoir pris la parole une dernière fois au moment de la pause de 9 heures, les manifestants ont appris la bonne nouvelle du jour : au siège, la direction avait renoncé à son mauvais coup et accepté la tenue de réunions de négociations. Ils ont annoncé la nouvelle devant les travailleurs de Faurecia, qui ont chaleureusement applaudi, puis sont rentrés à l'usine d'Aulnay pour retrouver leurs camarades de retour de l'avenue de la Grande-Armée.

Cette action a été une réussite. Et il y en aura d'autres. Car, puisque la direction prétend accepter de discuter des revendications des travailleurs, il va falloir à présent l'obliger à les accepter, intégralement.

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