Prothèses mammaires PIP : le patron remis en liberté : une insulte aux victimes31/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2309.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prothèses mammaires PIP : le patron remis en liberté : une insulte aux victimes

À sa sortie de prison, il avait l'air lamentable, presque pitoyable avec son bonnet de laine et ses deux sacs en plastique au bout des bras. On en aurait bientôt oublié que pendant des années Jean-Claude Mas, le fondateur de la société de prothèses mammaires PIP, a consciemment mis en péril la santé de centaines de milliers de femmes en contrefaisant les implants mammaires qu'il produisait.

En mars 2010, après vingt années passées à s'enrichir en fabriquant des implants mammaires frelatés, Jean-Claude Mas était contraint de fermer Poly Implant Prothèse (PIP), sa société. Une enquête était ouverte pour « tromperie sur les qualités substantielles du produit, publicité mensongère et mise en danger de la vie d'autrui ».

En effet, des femmes avaient connu la douloureuse épreuve de prothèses mammaires qui se rompent sous la peau et laissent s'échapper un gel de silicone qui s'écoule dans l'organisme. Qui plus est un gel frelaté. Car les implants PIP étaient emplis d'un silicone industriel impropre à l'usage médical, mais tellement moins cher ! « Le problème est un problème de prix de revient et de coût, donc de bénéfice », avait expliqué l'avocat de Mas. Effectivement, le gel était dix fois moins coûteux que celui qui aurait dû être utilisé pour les implants mammaires. Le patron savait, connaissait les conséquences et s'en moquait.

Mis en examen pour des dizaines de chefs d'inculpation, qui vont de l'empoisonnement à la tromperie aggravée en passant par la fraude fiscale et l'abus de biens sociaux, Mas a réussi à se faire déclarer insolvable, à cacher et à protéger sa fortune. Même si, au cours des procès qui doivent commencer en avril 2013, il était reconnu coupable, il pourrait se réfugier derrière cette insolvabilité pour ne pas indemniser ses victimes.

Il est donc sorti de prison. Des femmes, elles, vivent dans l'angoisse d'un implant qui se déchire. On estime à 500 000 le nombre de celles qui, dans le monde, portent ou ont porté des prothèses en silicone PIP. Elles sont 30 000 en France, dont 3 188 cas de rupture.

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