Ford -- Genk (Belgique) : Faire reculer les capitalistes31/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2309.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ford -- Genk (Belgique) : Faire reculer les capitalistes

Mercredi dernier, les 4 300 travailleurs de l'usine Ford à Genk (Limbourg, Belgique), les 6 000 à 8 000 travailleurs des firmes sous-traitantes et leurs familles ont appris que la direction voulait fermer l'usine début 2014. Pourtant, pas plus tard que le 19 septembre dernier, la direction de Ford leur avait encore assuré que la nouvelle Mondeo serait assemblée à Genk.

La Mondeo devrait finalement être assemblée à Valence en Espagne, où la direction ne promet que 1 600 créations d'emplois, contre plus de 4 000 supprimés en Belgique. Le directeur Europe de Ford, Stephen Odell, a expliqué que le but était de regrouper la production sur un site qui tournerait près du maximum de sa capacité. Licencier les travailleurs d'un côté pour exploiter davantage de l'autre, voilà la recette des capitalistes.

Depuis mercredi, presse et médias ont passé en boucle les mauvais chiffres des ventes européennes de Ford, et expliqué que l'usine ne tournerait qu'à 33 % de sa capacité. La perte attendue pour Ford en Europe serait de ce fait de 1,5 milliard.

Mais personne, ni dans les médias, ni dans le monde politique, ni même parmi les dirigeants syndicaux ne s'est demandé pourquoi ce serait aux travailleurs de payer pour cette crise dont ils ne sont en rien responsables. Personne non plus pour souligner que le groupe Ford, avec toutes ses « difficultés », avait quand même annoncé un profit de 9,8 milliards de dollars en 2011 et a donc largement les moyens de continuer à payer les salaires de tous les travailleurs, quitte à les faire travailler moins, en partageant le travail.

Par contre, les organisations patronales ont sauté sur l'occasion pour dénoncer le « coût salarial trop élevé » en Belgique ; ce n'est là que mensonge. En fait, depuis 2000, Ford a supprimé plus de 7 000 emplois à Genk, en partie transformés en emplois dans la sous-traitance, avec des contrats précaires et des salaires au rabais. Et pas plus tard qu'en 2008, 12 % d'économies supplémentaires ont été imposés aux travailleurs.

Pour l'assemblage de la nouvelle Mondeo, la Région flamande avait déjà accordé 57 millions d'euros de subventions. C'était au nom de l'emploi, alors que cette entreprise a largement les moyens de financer ses investissements elle-même. Finalement cet argent serait utilisé pour financer le « volet social » de la restructuration.

Devant l'usine, où 300 travailleurs environ sont rassemblés en permanence, c'est un sentiment de rage, souvent impuissante, qui domine. Se défendre contre cette entreprise mondiale semble impossible à beaucoup.

Pourtant les travailleurs de Ford et bien d'autres qui ont été mis à la porte ou qui risquent de perdre leur emploi pourraient imposer un rapport de force en leur faveur, se faire craindre des patrons et du gouvernement, les faire réfléchir à deux fois avant de poursuivre leur politique désastreuse.

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