Dépassements d'honoraires : Médecine pour soigner ou pour s'enrichir ?31/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2309.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dépassements d'honoraires : Médecine pour soigner ou pour s'enrichir ?

Au moment où le gouvernement accorde sa bénédiction aux médecins pour continuer leurs dépassements d'honoraires, un généraliste, le Docteur Poupardin, est condamné par la Sécurité sociale parce qu'il permet à ses patients peu fortunés de se soigner correctement.

Voilà près de trois ans que la Caisse primaire d'assurance-maladie du Val-de-Marne (CPAM 94) harcèle et poursuit le Docteur Poupardin, un généraliste aujourd'hui à la retraite. Pourquoi ? Parce que, pour ses patients en affection de longue durée (ALD), il rédigeait les ordonnances dites « bizones » d'une manière telle que tous les médicaments étaient remboursés à 100 %. En effet, en théorie, pour les malades en ALD, les médecins doivent porter dans la partie supérieure de ces ordonnances les médicaments directement liés à l'ALD et donc intégralement remboursés, et inscrire dans la partie basse les autres, ceux qui ne seraient pas liés et qui sont donc moins ou pas remboursés.

Le Docteur Poupardin juge que c'est absurde et inapplicable, qu'on ne peut pas découper chaque malade en tranches de pathologies différentes. De plus, il estime à juste titre que tous ceux qui n'ont déjà pas assez d'argent pour vivre n'achètent pas les médicaments mal ou non remboursés, et que donc leur état de santé empire. Eh bien, le 24 octobre, le tribunal des affaires de la Sécurité sociale a condamné le Docteur Poupardin à verser à la CPAM du Val-de-Marne la somme de 2 514,62 euros qu'elle estime être ce qui a été indûment remboursé aux malades en ALD.

On croit rêver ! Le même jour, le gouvernement, par la voix du représentant de l'Assurance-maladie, accédait aux désirs de ces médecins qui ne voient en l'exercice de la médecine qu'un plan d'enrichissement. Les représentants de l'Assurance-maladie, de syndicats de médecins et des complémentaires-santé légitimaient les dépassements d'honoraires des médecins de secteur 2 jusqu'à deux fois et demie le tarif remboursé (70 euros au lieu des 28 euros du tarif remboursable).

Les dépassements d'honoraires, non remboursés par la Sécurité sociale, atteignent 2,5 milliards d'euros par an. C'est ce que doivent payer les malades ou leur mutuelle quand ils en ont une. C'est aussi ce qui fait qu'ils sont de plus en plus nombreux à devoir renoncer à se soigner. Et c'est contre quoi le gouvernement s'était engagé à intervenir. Il a renoncé. La ministre de la Santé a cédé à la pression des médecins qui ont un tiroir-caisse à la place du stéthoscope. Mais elle a laissé faire, refusé d'intervenir dans le dossier Poupardin, et n'a même pas répondu aux courriers qui lui demandaient de le faire.

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