Leur société

Hausse de la mortalité infantile : Un signe de la dégradation de la société

Avec 3,8 décès sur mille naissances, le taux de mortalité infantile continue d'augmenter en France pour la troisième année consécutive, la faisant reculer de la troisième à la vingtième place dans le classement mondial des pays. La mortalité infantile, c'est-à-dire le nombre d'enfants morts avant leur premier anniversaire, est un des indicateurs significatifs du développement d'un pays.

Les causes de ce recul sont multiples. Elles peuvent être individuelles, liées à des grossesses plus tardives ou à l'accroissement de l'obésité, etc. Mais elles sont surtout liées à la dégradation de la société, que ce soit avec la diminution de l'offre de soins ou avec l'augmentation de la pauvreté et de la précarité, qui éloignent de plus en plus de femmes des circuits de santé.

Outre la fermeture de maternités, la durée du séjour a été raccourcie : les sorties précoces, avant trois jours révolus, sont de plus en plus fréquentes. Or, selon l'Académie de médecine, c'est dans les cinq premiers jours, le temps que l'organisme du nourrisson s'adapte à la vie, que des affections sévères sont susceptibles de se manifester. De plus, en ce qui concerne les mères d'un premier enfant, le personnel de la maternité joue un rôle de conseil, leur apprenant à donner les soins indispensables à leur bébé et à déceler les signes inquiétants, et quelques jours supplémentaires ne sont pas de trop.

D'autre part, les plus pauvres, entre autres les étrangères en situation irrégulière, sont exclues des soins, que ce soit par crainte, par ignorance de leurs droits, par manque d'argent ou parce qu'elles dorment dans la rue. Médecins du monde notait dans son dernier rapport que 45 % des femmes enceintes accueillies dans ses centres présentent un retard dans le suivi de leur grossesse : « Quand on ne sait pas où on va dormir le soir, ni si on va manger dans la journée, le suivi de la grossesse passe au dernier plan ».

Qui dit pauvreté dit aussi moins de visites chez le médecin, moins d'achats de médicaments, surtout lorsqu'ils sont mal remboursés, des carences alimentaires chez la mère qui peuvent se répercuter sur l'enfant et aussi, trop souvent, habitat insalubre. Ce n'est donc pas un hasard si c'est la Seine-Saint-Denis, un des départements les plus pauvres de France, qui enregistre le plus fort taux de mortalité périnatale (enfants de moins d'un mois), avec 5,4 ‰, contre 3,6 ‰ au niveau national.

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