Gaspillage alimentaire : Une campagne en trompe-l'oeil25/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2308.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Gaspillage alimentaire : Une campagne en trompe-l'oeil

Au moment où les associations d'aide aux plus démunis (Restos du coeur, Secours populaire, etc.) mènent campagne contre le projet de l'Union européenne de revoir à la baisse son programme d'aide alimentaire, le gouvernement mène campagne lui contre... le gaspillage alimentaire.

« Chaque Français jette entre 20 et 30 kg de nourriture par an », a expliqué Guillaume Garot, ministre délégué à l'Agroalimentaire, ajoutant que, sur l'ensemble de la chaîne alimentaire - c'est-à-dire en y incluant producteurs, commercialisateurs, restaurateurs, etc. -, ce serait 150 kilos de nourriture qui seraient jetés par an et par personne. Le gouvernement se donne comme objectif de diviser ces chiffres par deux d'ici 2015, en favorisant la vente de produits à l'unité et la récupération des invendus par les associations.

Faire en sorte que les hypermarchés et les grandes surfaces fassent profiter les associations d'aide alimentaire de leurs invendus consommables plutôt que de les jeter, cela paraît en effet la moindre des choses. Certains le font déjà, et les associations se plaignent plutôt de manquer d'infrastructures pour les stocker.

Si c'est seulement pour en arriver là, le gouvernement a-t-il vraiment besoin de mener campagne comme il le fait sur ce thème ? Mais il s'agit, a déclaré le ministre, « de s'engager concrètement contre les dérives de la société de surconsommation ».

Avec la crise, le problème aujourd'hui n'est pourtant pas la dérive de la soi-disant « surconsommation », mais bien celle de la sous-consommation. Tout se passe comme si le gouvernement voulait faire croire, ou laisser croire sans le dire, c'est-à-dire hypocritement, qu'en combattant la première il s'attaque aussi à la seconde. C'est un peu gros.

Si aujourd'hui de plus en plus de chômeurs, de retraités, de familles, de travailleurs, ne mangent pas à leur faim, et dépendent pour subsister des associations caritatives (il y a officiellement en France trois millions de bénéficiaires de l'aide alimentaire européenne), ce n'est pas parce que la population, ou une partie de la population, consommerait trop, ou mal, et gaspillerait de 20 à 30 kg de nourriture par an (soit moins d'une centaine de grammes par jour et par personne, ce qui, même si c'était vrai, ne serait pas si exorbitant !) et ce n'est pas parce que des supermarchés jettent ce qu'ils ne vendent pas. C'est parce qu'avec le chômage, les bas salaires, les retraites rognées, la hausse des prix des produits de première nécessité, la pauvreté ne cesse de se développer.

Dans la crise, avec l'aide des gouvernements de gauche comme de droite, pour que les riches soient de plus en plus riches, les pauvres sont de plus en plus pauvres. C'est cette dérive-là qu'il faut combattre.

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