États-Unis : À trois semaines de l'élection présidentielle, quel enjeu pour le monde du travail ?17/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2307.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : À trois semaines de l'élection présidentielle, quel enjeu pour le monde du travail ?

Dans leur éditorial du 7 octobre dernier, les militants du groupe trotskyste américain The Spark revenaient sur les véritables enjeux, pour les travailleurs américains, de l'élection présidentielle qui opposera début novembre Barack Obama et Mitt Romney.

Qu'importe qui remportera l'élection, l'économie va aller plus mal. Même Business Week le dit. Ce magazine pro-patronal le formule de cette manière : « Face à cela, 2013 va être un désastre. »

La plupart des experts économiques sérieux ont expliqué pourquoi il n'y a pas de « moteur » capable de relever l'économie américaine. Les emplois ont été supprimés par millions, les entreprises ayant tout fait pour obtenir plus de travail avec beaucoup moins de travailleurs, afin d'engranger plus de profit. Les salaires ont été réduits directement ou indirectement, puisque les entreprises ont récupéré une plus grande part de la valeur de ce que les travailleurs produisent.

Mais comment acheter quand on n'a pas d'argent ? Les baisses de salaire et les suppressions d'emplois ont réduit les dépenses de la population, et cela fait reculer toute l'économie.

Pendant un temps, les découverts permis par les cartes de crédit et le refinancement des prêts hypothécaires ont masqué le problème. Mais la dette est revenue en boomerang. Et la spéculation des banques sur cette dette a coulé l'économie.

Les municipalités, les comtés, le système scolaire, les États, le gouvernement fédéral, tous ont contribué à ce que la situation empire. Le gouvernement supprime des emplois ; il sabre dans les budgets des programmes sociaux, qui mettaient un peu d'argent dans les mains de la population ; il réduit les services publics, qui créaient des emplois.

Tout cela continue actuellement et oui, « face à cela, 2013 va être un désastre ».

Dans leur débat télévisé, les deux candidats à la présidentielle ont promis de faire quelque chose pour l'économie. Mitt Romney a dit qu'il allait s'en occuper, mais pour le moment il faut attendre. Barack Obama a dit qu'il avait « commencé » à s'en occuper, mais pour le moment il faut attendre.

En fait, la politique des deux partis est presque identique quand on en arrive à l'économie. Les deux protègent les intérêts des banques, des grandes entreprises et des plus riches, c'est-à-dire tous ceux qui obtiennent les plus gros abattements fiscaux grâce à une politique inaugurée par Bush et poursuivie par Obama. Ils obtiennent aussi la plus grosse part des impôts prélevés sur les salariés, quand les budgets des services sociaux, des services publics et de l'école publique sont diminués par les deux partis. Et les deux partis attendent l'après-élection pour s'attaquer aux différents systèmes de protection sociale (Medicare, Medicaid et Sécurité sociale).

Alors, qu'est-ce que les travailleurs peuvent attendre de ces élections, sinon se préparer dès maintenant à répondre aux attaques qui vont suivre ?

Les capitalistes et les banquiers n'attendent pas après cette élection. Même quand ils réalisent d'importants profits, ils continuent de supprimer des emplois et de réduire les salaires. Alors, pourquoi devrait-on attendre ? On doit se défendre. On doit réfléchir sur les objectifs pour lesquels il faudrait lutter. (...)

Bien sûr, personne ne va donner aux travailleurs ce qu'ils demandent juste parce qu'ils l'exigent. Mais personne n'a donné à nos grands-parents la journée de huit heures. Personne ne leur a donné la Sécurité sociale. Personne n'a fait cadeau de leurs emplois à nos parents. Toutes les générations précédentes ont imposé ce dont elles avaient besoin, à une classe capitaliste qui ne voulait rien lâcher. Et elles l'ont imposé par la lutte. Pourquoi notre génération devrait-elle faire moins ?

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