Trusts pharmaceutiques : Un monopole sur la santé humaine01/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une-2296.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Leur société

Trusts pharmaceutiques : Un monopole sur la santé humaine

Médecins sans frontières (MSF) mène actuellement une campagne contre Novartis, un des géants mondiaux de la pharmacie, qui prétend interdire la fabrication en Inde du générique d'un anticancéreux, le Glivec.

Ce procès à épisodes, qui dure depuis sept ans au cours desquels Novartis a été jusqu'ici constamment condamné, devrait reprendre le 22 août devant la Cour suprême indienne. Une victoire finale du trust menacerait à brève échéance de priver les malades des pays pauvres de médicaments bon marché dont l'Inde est le grand fournisseur.

Jusqu'en 2005, l'Inde n'a reconnu aucun brevet et ses usines ont pu sans entrave produire les génériques de toutes sortes de médicaments, entre autres contre le sida, à des prix dix ou vingt fois inférieurs à ceux imposés par les trusts à l'échelle mondiale. Le brevet assure pendant vingt ans le monopole de fabrication et d'exploitation à l'entreprise qui l'a déposé. Même s'il commence à courir bien avant la mise sur le marché, il garantit des profits qui font de l'industrie pharmaceutique une des plus rentables au monde, avec des taux de profit qui atteignent 30 %.

En 2005, l'Inde a reculé devant la pression des trusts et a accepté de reconnaître des brevets, mais seulement pour des médicaments qui seraient innovants ou ayant au moins une efficacité supérieure à celle des médicaments existants. Car la grande majorité des médicaments pour lesquels des brevets sont déposés ne sont que des copies à peu près à l'identique de médicaments plus anciens, sur lesquels le fabricant prolonge ainsi à bon compte son monopole. L'Inde a refusé de reconnaître le brevet du Glivec, déposé en 1998 et donc valable en principe jusqu'en 2018, alors que Novartis affirme que le Glivec est bien supérieur au médicament précédent.

MSF conteste cette prétention et milite pour que l'industrie indienne puisse continuer à fournir le tiers-monde en médicaments bon marché. Ce serait bien la moindre des choses, tant le prix des médicaments est un problème crucial pour les populations pauvres : la Conférence mondiale sur le sida ne vient-elle pas de rappeler que si les progrès sur les antirétroviraux laissent entrevoir la possibilité de mettre fin à la pandémie, « l'accès aux antirétroviraux n'est pas encore universel » : 46 % des 15 millions de séropositifs des pays pauvres ne disposent toujours d'aucun traitement.

La simple logique et surtout la santé des populations exigeraient que les trusts de la pharmacie soient expropriés sans indemnité, que leurs usines et centres de recherche soient mis au service de toute l'humanité et que les médicaments soient fournis gratuitement à tous ceux qui en ont besoin... au lieu de 1 200 euros la boîte de Glivec, par exemple !

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