Jeux olympiques : Les valeurs de l'olympisme au plus haut... en Bourse !25/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2295.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Jeux olympiques : Les valeurs de l'olympisme au plus haut... en Bourse !

Les Jeux olympiques, en plus d'être « la grande fête du sport », sont une opération planétaire visant à imprimer dans un, voire deux milliards de cerveaux les logos d'un certain nombre de grandes marques. L'objectif est clair : persuader un maximum de Terriens de l'avantage d'acheter telle marque de chaussures, de tee-shirts ou d'autres produits, quitte à les payer nettement plus cher que les marques concurrentes. Et qu'importe si tout cela est fabriqué dans des usines où les ouvriers sont payés 50 dollars par mois.

L'important est que, sur les 130 millions de bébés qui doivent naître sur cette planète cette année, le plus grand nombre possible sache rapidement dire, en même temps que « papa » ou « maman », les mots tellement plus importants de « MacDo » et de « Coca ».

Organiser « la grande fête du sport » cause bien des soucis. Il a d'abord fallu convaincre la population, pas vraiment unanime pour payer une facture qui a quadruplé par rapport à ce qui était annoncé en 2005, quand Londres a obtenu les Jeux. Elle a atteint aux dernières nouvelles presque douze milliards d'euros.

Il a aussi fallu beaucoup d'efforts d'organisation et de contrôle pour qu'aucun écart ne soit permis et que les règles soient bien respectées. La sécurité redoute, par exemple, que des spectateurs arborant -- comble de l'horreur -- des tee-shirts Pepsi puissent être visibles sur une image, alors que c'est Coca-Cola le sponsor officiel. C'est ce qu'on appelle à Londres le « marketing embusqué ». Comble d'horreur, en 1996, aux jeux d'Atlanta, un sprinter était passé devant des millions de téléspectateurs en arborant le logo de Puma, alors que Reebok était le parrain officiel des Jeux. Voilà probablement pourquoi le budget sécurité a dû être augmenté, car on ne plaisante pas avec les milliards de recettes publicitaires qui nourrissent, entre autres, le Comité international olympique.

Des inspecteurs se sont donc répandus dans les rues de Londres, menaçant par exemple de prison une vendeuse qui avait disposé quelques cerceaux colorés, en forme de logo olympique, entre les culottes et les soutiens-gorge proposés à ses clients, ou encore ce boucher qui, dans sa devanture, avait réalisé le même dessin avec des chapelets de saucisses. N'ayant probablement pas réalisé dans quel monde ils vivaient, aucun des deux n'avait versé de contribution à l'honorable comité.

Pas de Jeux sans médailles. Mais en raison de l'envolée du cours des métaux, et en particulier de l'or, il y aura moins d'or par médaille : six grammes seulement sur 410 ! Cela a fait tout de même une commande de huit tonnes d'or, d'argent et de cuivre pour le trust minier Rio Tinto. Pour ce groupe, un des grands pollueurs de la planète, fournir les Jeux est une question d'image. Ces jeux ne se présentent-ils pas comme « les plus verts de toute l'histoire du sport olympique » ?

Les Jeux sont en effet écologiques. Une bonne mise en scène sur les vertes campagnes britanniques, et le groupe Dow Chemicals, un des principaux sponsors, devrait même devenir « écoresponsable ». C'est un peu gros, et certains ont rappelé que Dow Chemicals a fait de très bonnes affaires en vendant « l'agent orange » qui a semé la mort et la dévastation pendant la guerre du Vietnam. Le trust refuse toujours aux victimes de la catastrophe chimique de Bhopal de rouvrir leurs dossiers d'indemnisations, ce qui a failli pousser l'Inde à boycotter les Jeux. On a donc caché les panneaux trop voyants de ce trust. Mais BP, responsable de la catastrophe de la plate-forme pétrolière dans le golfe du Mexique il y a deux ans, s'en sort mieux et a été rebaptisé « sponsor durable ». Tout cela, c'est la magie du sport !

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