Doux : Non aux licenciements !18/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2294.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Doux : Non aux licenciements !

C'est toujours l'inquiétude pour les 3 400 salariés du groupe volailler Doux, dont la famille du même nom possède 80 % du capital. Depuis le 1er juin, le groupe s'est placé de lui-même en redressement judiciaire et, mardi 10 juillet, les premières offres de reprise du volailler breton étaient communiquées aux syndicats. La première chose qui en ressort est que 1 500 emplois sur les 3 400 n'y seraient pas inclus.

Certains sites sont absents de ces offres de reprise, tel par exemple celui de Pleucadeuc dans le Morbihan qui emploie près de 400 personnes. De même aucun repreneur n'a mentionné le site de Graincourt-lès-Havrincourt dans le Pas-de-Calais, où 250 salariés travaillent dans l'activité poulet frais.

L'une des usines du site de Père Dodu à Quimper, qui fabrique essentiellement des saucisses destinées à l'exportation, reste sur le carreau dans l'offre coordonnée par Sofiprotéol. En fait, derrière cette offre qui regroupe Glon Sanders, Terrena, LDC, Duc, Tilly-Sabco et Triskalia, il y a une alliance de circonstance visant à se partager les morceaux du groupe volailler une fois l'acquisition validée par le tribunal.

À l'inverse, la Financière Turenne Lafayette (William Saurin, Madrange et Paul Prédault) a jeté son dévolu sur les deux usines de Père Dodu à Quimper. Mais c'est d'abord la marque qui l'intéresse.

Montebourg, ministre du Redressement productif, ainsi que Le Foll, ministre de l'Agriculture, ont considéré que toutes les offres déposées jusque-là étaient insuffisantes. Mais, à part désigner des experts, ils se sont bien gardés de promettre quoi que ce soit aux travailleurs. Cependant, les salariés espèrent que leur entremise et celle des élus limiteront la casse qu'ils redoutent.

Jeudi 12 juillet, les salariés de Pleucadeuc, avec l'appui du gros de la population de la commune, se sont rassemblés sur la place du village, avant d'entreprendre une opération escargot en direction de Vannes.

Charles Doux, le PDG du groupe, ne manque pas de culot. Il tente encore de se présenter en sauveur de la filière française, proposant aux éleveurs d'entrer au capital, après les avoir mis sur la paille. Et il lorgne toujours vers les aides publiques qu'il considère comme un dû, lui qui s'est si longtemps gavé de subventions européennes en invoquant la concurrence brésilienne dont il était le principal maître d'oeuvre.

Montebourg ne s'est pas privé d'adresser des admonestations à Doux, mais sans apporter aucune garantie aux salariés. Il s'est bien gardé par exemple d'envisager que la fortune de la famille Doux, qui s'élève à plus de 300 millions d'euros d'après le magazine Challenge, puisse être mise sous séquestre pour protéger les salariés.

Alors que le groupe Doux est aujourd'hui plombé par des problèmes de trésorerie, les experts expliquent qu'il y aurait un recul du poulet bas de gamme destiné à l'exportation vers la Chine et les pays du Golfe. S'il est difficile de connaître la réalité de la situation, il semble bien que derrière les démêlés de Doux avec ses banquiers se dissimule un affrontement entre consortiums financiers pour le contrôle du marché de la volaille au niveau mondial, dans lequel le groupe Doux s'est heurté à plus avide et plus puissant que lui : la banque Barclay's notamment, qui détient une créance de 140 millions d'euros sur le groupe et est notoirement porteuse d'un projet concurrent de restructuration de la filière, où Doux n'apparaissait que comme subordonné.

Quoi qu'il en soit, les dettes du groupe seront plus ou moins apurées à l'issue de tractations entre les repreneurs, les banques et le gouvernement. Le groupe peut bien être endetté, la famille Doux ne s'en trouve pas ruinée, contrairement aux salariés qui seront au chômage. À moins qu'une saine colère ne s'empare de tous les licenciés en puissance.

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