Grande-Bretagne : Banques criminelles sous perfusion étatique04/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2292.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Banques criminelles sous perfusion étatique

Depuis quinze jours les quatre premières banques britanniques sont au centre d'une série de scandales. Le dernier, et de loin le plus important, concerne (pour l'instant) la Barclay's, numéro 3 de la bande, dont les trois principaux dirigeants ont déjà été contraints à la démission par les principaux actionnaires de la banque.

C'est une enquête du quotidien américain Wall Street Journal relevant des irrégularités dans le calcul du taux d'intérêt que les banques pratiquent entre elles (le Libor) qui a tout déclenché.

L'enquête a donc abouti à une amende de 365 millions de dollars infligée à la Barclay's. Mais d'autres banques suivraient, dont les deux plus grandes banques anglaises (HSBC et RBS), l'américaine CitiGroup, l'allemande Deutsche Bank, la suisse UBS, et peut-être bien d'autres.

Entre 2005 et 2008, toutes auraient pesé, plus ou moins collectivement, sur les taux du Libor en fournissant de fausses déclarations -- profitant ensuite de l'effet obtenu pour se remplir les poches. Puis, après l'effondrement de Lehman Brothers, certaines, dont la Barclay's, auraient fait de fausses déclarations pour faire croire qu'elles étaient en meilleure santé qu'elles n'étaient réellement, faussant les taux du Libor et accentuant d'autant la folie qui régnait sur les marchés.

Cette nouvelle preuve de l'irresponsabilité des géants de la banque a d'autant plus choqué en Grande-Bretagne qu'elle survient après bien d'autres, la précédente étant la gigantesque panne du système informatique de la banque RBS qui a privé ses 13 millions de clients d'accès à leurs comptes pendant plus d'une semaine.

Mais surtout ce nouveau scandale intervient moins de quinze jours après l'annonce, le 14 juin, par un gouvernement britannique dont le Premier ministre avait, peu auparavant, traité les chômeurs de quasi délinquants en puissance, d'un plan prétendument destiné à encourager les banques à augmenter leurs prêts à l'économie et aider à la création d'emplois. En réalité, bien sûr, il ne s'agissait que d'un nouveau train d'aides publiques au système bancaire -- un de plus.

Ainsi les banques se sont-elles vu offrir 180 milliards d'euros de prêts à 0,75 % (les taux payés par les consommateurs variant de 5 % dans l'immobilier jusqu'à 10-20 % sur les paiements à crédit par carte bancaire), suivis d'une nouvelle injection de 75 milliards d'euros d'argent frais.

Mais, bien sûr, il n'est pas question d'obliger les banques à augmenter leurs prêts, ni à baisser leurs taux d'intérêts prohibitifs, pas plus qu'il n'est d'ailleurs question de contraindre les grandes entreprises à investir.

Alors que le gouverneur de la Banque d'Angleterre justifie ce plan en disant que les banques comme le reste de l'économie manquent de liquidités, les chiffres de la Banque montrent que les grandes entreprises non financières disposent de liquidités d'un montant total de 300 milliards d'euros, tandis que celles du secteur financier (essentiellement les banques) disposent du double.

En revanche, on peut être sûr que le gouvernement Cameron va bientôt « découvrir » un trou « plus important que prévu » dans sa caisse, dont il se servira pour justifier de nouvelles réductions dans les budgets sociaux et les emplois publics. Mais à force d'attiser la colère, elle finit toujours par exploser.

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