Leur société

Avant l'attaque en règle contre les travailleurs

Ayrault se demande où prendre l'argent qui manque dans les coffres de l'État. Les mesures qui devaient être prises lors du premier conseil des ministres, mercredi 4 juillet, veulent faire croire que ce sera dans les poches des riches : contribution exceptionnelle de deux milliards d'euros sur les grosses fortunes, retour sur un cadeau de Sarkozy aux héritiers, taxation des stock-options des dirigeants des grands groupes, prélèvement exceptionnel de 3 % sur les dividendes et annulation de la hausse de la TVA.

Le total de ces prélèvements, peu douloureux en fait pour ces très riches capitalistes, et l'annulation d'un coup porté aux consommateurs ne suffiront même pas à remplir l'objectif principal et affiché du gouvernement : payer rubis sur l'ongle la dette due aux banques, en premier lieu les 53 milliards d'euros d'intérêt correspondant aux 1 717 milliards de dettes de l'État.

Pour ce faire, ainsi que l'audit demandé par Ayrault à la Cour des comptes et rendu le 2 juillet l'a recommandé, le gouvernement devra trouver dix milliards d'euros cette année et trente-trois l'an prochain. La Cour des comptes annonce franchement ce qui risque bien d'être la politique du gouvernement.

Pour faire rentrer l'argent, ce rapport propose d'augmenter les impôts. Si la Cour estime que l'impôt sur les bénéfices des sociétés est déjà très élevé, si elle ne dit mot de l'impôt sur la fortune ou d'une réforme fiscale imposant plus lourdement les riches, elle affirme en revanche qu'une augmentation de la TVA ou de la CSG, essentiellement payée par les travailleurs, sera sans doute nécessaire.

Pour équilibrer les comptes, il faut aussi faire des économies. La Cour préconise qu'elles s'appliquent essentiellement aux classes populaires puisque « le ralentissement des dépenses publiques et la hausse des prélèvements obligatoires demanderont des sacrifices aux ménages, qu'ils soient contribuables, bénéficiaires des prestations sociales, agents publics ou usagers des services publics ». La liste de ces attaques, et de ce qu'elles rapporteraient, est longue.

La moitié des fonctionnaires, d'État, hospitaliers ou territoriaux, partant à la retraite continueraient à ne pas être remplacés. De plus leur salaire serait gelé et leur déroulement de carrière bloqué. Les dépenses sociales seraient réduites, l'exemple de l'Allemagne qui réduirait les siennes de dix milliards d'euros d'ici 2014 est mis en exergue. Et de disséquer l'Allocation Adulte Handicapé (AAH) pour montrer comment on peut réduire les prestations sociales en s'y prenant bien.

Le rapport « démontre » de la même façon que l'État dépenserait trop pour le logement, alors qu'il y a des millions de mal-logés. Il propose de ne plus indexer les retraites et les allocations familiales sur la hausse des prix, mais sur une improbable croissance, ce qui revient à les diminuer. La Cour demande également un changement de calcul du montant des retraites, permettant de le réduire.

Et il y a des pages et des pages d'attaques plus ciblées, contre les étudiants, les familles de plus de trois enfants, les personnes soi-disant indûment logées en HLM, bref contre tout le monde, sauf contre les capitalistes.

Il s'agit donc d'un plan contre le niveau de vie de la population, visant à permettre à l'État de récupérer de quoi payer la rente due au capital financier. Et ce plan le gouvernement Ayrault choisira de le mettre en place.

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