Allemagne : Augmentation des salaires dans la métallurgie Les patrons peuvent payer23/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2286.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Augmentation des salaires dans la métallurgie Les patrons peuvent payer

En Allemagne, la négociation sur le renouvellement de la convention collective salariale dans la métallurgie s'est conclue par une augmentation de 4,3 % à partir du 1er mai. Selon le syndicat des métallos, l'IG Metall, cela correspond à des augmentations allant de 129 à 240 euros en fonction du coefficient et de l'ancienneté. L'accord-pilote signé le 19 mai pour les entreprises électriques et métallurgiques du Bade-Wurtemberg doit être étendu à tout le pays et concerner au total 3,6 millions de salariés.

Cet accord comporte également des clauses qui concernent l'embauche des apprentis et le recours aux travailleurs intérimaires, qui sont 300 000 dans la métallurgie, payés en moyenne 40 % de moins que leurs collègues embauchés en fixe. Au bout de deux ans maximum dans la même entreprise, un travailleur intérimaire devrait recevoir une offre d'emploi de la part de celle-ci. Quant à l'embauche des apprentis après une période d'essai concluante, qui a longtemps été la règle mais qui est de plus en plus bafouée, elle est confirmée, toutefois « en fonction du besoin de l'entreprise ». Tout cela dépendra bien évidemment du rapport de force sur le terrain. Chez BMW à Leipzig par exemple, où il y a 1 100 intérimaires sur un effectif total de 3 920 personnes, certains ont des contrats d'intérim depuis... neuf ans et, récemment, un tribunal a estimé que cela était légal !

Le mécontentement était grand chez les travailleurs de la métallurgie. Beaucoup d'entre eux ont vu leur revenu diminuer au cours de la période 2009-2010 à cause du chômage partiel. Ils ont ensuite connu un quasi gel des salaires alors que les cadences augmentaient, comme les heures supplémentaires. Tout cela dans un contexte général d'attaques antisociales, comme le report progressif du départ à la retraite à 67 ans. Dans ce contexte, l'IG Metall avait initialement revendiqué une hausse de salaire de 6,5 % et organisé, depuis la fin avril, des « grèves d'avertissement » dans de nombreuses entreprises, qui ont entraîné, au total, selon le syndicat, 800 000 travailleurs.

Le patronat, après avoir répété que ce n'était pas « le bon moment » pour des hausses de salaire, a d'autant plus facilement accepté de signer un accord sans chercher l'épreuve de force qu'il a largement les moyens de payer. De toutes façons, ni l'IG Metall ni la confédération DGB, dont il fait partie, n'avaient l'intention de sortir du cadre traditionnel de la négociation pour le renouvellement de la convention salariale, mettant en avant des augmentations limitées pour une catégorie de travailleurs, qui ont un peu plus que les autres les moyens de se faire entendre. Ce fut également le cas, fin mars, lorsque, après des grèves d'avertissement, deux millions de fonctionnaires ont obtenu une augmentation de 6,3 % sur deux ans.

Ce résultat souligne, en tout cas, que les patrons allemands auraient tout à fait les moyens d'augmenter les salaires, y compris ceux de tous les travailleurs du privé comme du public, de ceux qui ont encore un emploi comme de ceux -- de plus en plus nombreux -- qui survivent de petits boulots et de salaires de misère.

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