Grèce : Après les élections du 6 mai, quels objectifs pour les travailleurs ?16/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2285.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Après les élections du 6 mai, quels objectifs pour les travailleurs ?

En Grèce, les tractations pour constituer un gouvernement après le scrutin du 6 mai ont échoué. Les pressions n'ont pourtant pas manqué, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, pour que se constitue au moins une sorte d'état-major "technique" de "personnalités" capable de rassurer les marchés. Il va donc y avoir de nouvelles élections dans lesquelles Syriza, la coalition de la gauche radicale, espère peut-être viser la majorité, ou au moins voir son score progresser encore.

Synaspismos, le groupe le plus important de cette coalition, n'est pas un nouveau venu sur la scène politique. Il est né du regroupement de deux scissions successives du KKE (le parti communiste grec) : l'une, en 1968, qui aboutit à la création du KKes (parti communiste « de l'intérieur »), et l'autre après 1989. Le KKE, un des partis communistes les plus staliniens d'Europe, se débarrassait ainsi de ses tendances eurocommunistes à la recherche d'accords électoraux, voire de coalitions gouvernementales, pour continuer son existence à part comme il le fait encore.

Le reste de Syriza est constitué de petits groupes, avec des tendances d'origines diverses (maoïste, trotskiste, écologiste...). Un certain nombre de ses anciens militants l'ont quitté en l'accusant de dérive gauchiste et ont créé la Gauche radicale (Dimar) qui a obtenu 6 % et 19 députés aux élections du 6 mai.

Le style de Syriza et de son président Alexis Tsipras est certes radical dans le paysage parlementaire. Tsipras s'est même payé le luxe de conseiller aux chefs des deux grands partis traditionnels, le Pasok et la Nouvelle démocratie, d'écrire une lettre aux autorités européennes pour demander l'annulation des plans d'austérité qu'ils avaient contribué à appliquer. Quand on l'interroge sur sa ligne politique, Tsipras rappelle volontiers qu'il est vice-président de la Gauche européenne présidée par le secrétaire du Parti communiste français et qu'il se sent proche de Mélenchon. Il regrette qu'il n'existe pas dans son pays, malgré sa main tendue au KKE, un front de gauche qui deviendrait certainement « la première force politique du pays ».

Oui, mais après ? Un succès encore plus grand de Syriza traduirait certainement le fait qu'une grande partie de la population grecque en a assez de la crise et des plans d'austérité successifs et a même perdu toute confiance dans le système capitaliste. Mais comment en sortir ?

Sollicité pour constituer un gouvernement, Tsipras a réaffirmé sa revendication d'un moratoire de la dette et l'annulation des plans d'austérité. Il souhaite une« refondation de la zone euro et de l'euro », « un budget européen généreux afin de financer la croissance », « le règlement de la dette à un niveau européen et une politique de relance en Grèce pour contrer la récession ». Il propose, entre autres, qu'on réclame aux armateurs une cotisation exceptionnelle et que les banques passent sous contrôle de l'État.

Autant de propositions dont on pourrait discuter en détail. Mais tout le problème est de savoir comment les imposer, et surtout comment imposer les revendications vitales des travailleurs, des couches populaires, à supposer que ce soit les préoccupations des dirigeants de Syriza.

De nouvelles élections, si elles ont lieu, n'apporteront rien par elles-mêmes, même s'il en sort un gouvernement et même si celui-ci était dirigé par cette « gauche radicale ». Ni en Grèce, ni en France, les travailleurs ne pourront faire l'économie d'une mobilisation autour de leurs objectifs de classe, pour imposer leurs revendications vitales à une bourgeoisie qui voudrait leur faire payer tous les frais de la crise.

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