Espagne : Les Indignés un an après - Il faut des objectifs de classe16/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2285.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Les Indignés un an après - Il faut des objectifs de classe

Samedi 12 mai avaient lieu dans toutes les grandes villes d'Espagne des manifestations marquant le premier anniversaire des « indignés », le Mouvement du 15 mai, appelé en Espagne 15-M. Des milliers de manifestants ont à cette occasion, envahi les rues, occupé les places où l'an dernier des acampadas, des campements, avaient duré parfois plusieurs semaines. Mais cette année, si le mouvement apparaissait encore important, jeune et dynamique, il ne s'est pas risqué à dépasser les limites que lui ont imposées les autorités.

Des slogans, « La démocratie réelle maintenant » ou « Nous ne paierons pas la crise des banquiers », fusaient de partout. D'autres contre le chômage, les expulsions, les scandales politiques, ont été largement repris. Mais, une fois sonnée l'heure de la fin des rassemblements autorisés, les places se sont vidées.

En 2011, ce mouvement de protestation s'était mis en place sans but ni objectifs précis. Il existe toujours. Depuis un an, des assemblées par quartier se sont réunies, plus ou moins régulièrement. Et le fait de se réunir, de discuter, a permis des actions collectives, en particulier pour s'opposer aux expulsions de familles de leur logement. Mais le 15-M se voulait apolitique, opposé aux vieilles références à la lutte de classe, et il n'a pas cherché à offrir de perspectives politiques ni d'objectifs de lutte aux victimes de la crise.

Avec l'arrivée du Parti populaire au gouvernement, le 20 novembre dernier, les coups portés aux travailleurs ont continué de plus belle. Pour payer la dette creusée par les banquiers, le gouvernement de Mariano Rajoy a procédé à des coupes budgétaires. Des milliards sont soustraits à l'éducation, à la santé et à d'autres services publics. Les effets catastrophiques de la réforme du code du travail sur la situation de l'emploi et les salaires vont encore s'aggraver.

Alors, le temps n'est certainement pas aux palabres sur le bien-fondé de la décroissance ou de l'apolitisme. Lors des manifestations appelées par les syndicats pour dénoncer les coupes budgétaires et les réformes antisociales, Rajoy, le chef du gouvernement, a répondu aux centaines de milliers de travailleurs descendus dans la rue en affirmant : « Des réformes, il y en aura chaque vendredi », ce jour étant celui du Conseil des ministres. Et depuis les coups pleuvent sur l'enseignement, la santé, sans compter la future augmentation de la TVA, qui se traduira par une augmentation des prix.

Alors, le mouvement de protestation du 15-M continue, et à juste titre. Mais le moment ne doit plus être aux débats interminables, aux commissions bavardes qui se voudraient au-dessus des problèmes posés par le développement de luttes sociales. Bien sûr, ni les syndicats, ni les partis politiques d'opposition qui se disent de gauche ne veulent mettre en avant les perspectives qui pourraient permettre à la classe ouvrière de changer le rapport de forces en sa faveur et en faveur des classes populaires. Mais c'est dans cette direction qu'il faut faire des pas en avant.

Il y a un an, le 15-M a secoué une indiscutable inertie. Mais aujourd'hui c'est aux militants conscients des intérêts sociaux et politiques de la classe ouvrière de mettre en avant des objectifs de classe.

Partager