Union européenne : La « croissance », prétexte pour licencier !09/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2284.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Union européenne : La « croissance », prétexte pour licencier !

La « croissance », voilà la perspective qui devrait s'ouvrir pour l'Union européenne en alternative à l'austérité généralisée, du moins si l'on en croit un certain nombre de ses dirigeants. C'est ce que déclarent le fraîchement élu François Hollande, mais aussi certains de ses homologues, de l'Italien Mario Monti à l'Espagnol Mariano Rajoy. Critiquant plus ou moins ouvertement la chancelière allemande Angela Merkel, Monti réclame un sommet européen pour étudier comment relancer cette croissance.

Qu'est-ce que cela cache, et quelle stratégie prétendent-ils adopter pour surmonter la crise ? On en a une idée avec ce qu'a fait Mario Monti depuis son arrivée au gouvernement italien en novembre dernier, en remplacement de Berlusconi. Il a commencé par lancer un plan d'austérité baptisé « Sauver l'Italie », s'ajoutant aux deux plans successifs adoptés durant l'été. Augmentation de l'âge de la retraite, augmentation de la TVA et des taxes, coupes dans les dépenses publiques : toute la population a payé pour sauver, non pas l'Italie, mais les profits des banquiers spéculant sur la dette du pays.

Monti a ensuite annoncé la deuxième étape, consistant à préparer la fameuse croissance. Mais voilà que, selon lui, le principal obstacle à celle-ci était l'article 18 du Statut des travailleurs, les protégeant contre le licenciement. Et d'engager, avec la complicité des directions syndicales, une « réforme du marché du travail » censée inciter les entreprises à embaucher... du moment qu'elles pourraient licencier sans entrave.

Troisième étape, après que cette réforme a été adoptée pour l'essentiel, Monti a prévenu que, selon les dernières estimations, la croissance ne serait pas au rendez-vous avant tout au plus la fin 2013. Autant reconnaître que sa réforme ne servait à rien, sur ce plan-là du moins. En revanche elle venait à point pour satisfaire le patronat, avide de disposer d'une main-d'oeuvre sans droits et sans protection.

Voilà qui promet, de la part de ces dirigeants européens soucieux d'ajouter à l'austérité un volet « croissance ». Celui-ci comporterait, encore une fois mais sous un nouveau prétexte, de l'argent et des facilités pour les banques. Mais il s'y ajouterait les recettes de croissance à la Monti ou à la Rajoy, autrement dit la libéralisation accrue des licenciements, sous prétexte que ce qui empêcherait les patrons d'embaucher serait leur peur de ne pouvoir licencier.

Cela fait vingt ans au moins que tous ces gens-là racontent que, pour avoir des embauches, il faudrait d'abord pouvoir licencier, et que le seul résultat est l'aggravation de la crise. Mais dans tous les pays d'Europe les travailleurs commencent à en avoir assez de subir une telle arnaque.

André FRYS

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