Charente-Maritime : Une chasse aux travailleurs pauvres08/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2271.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Charente-Maritime : Une chasse aux travailleurs pauvres

Un certain nombre d'associations de mal-logés, dont Droit au logement (DAL), se mobilisent contre une loi votée en décembre dernier à l'Assemblée nationale.

Votée à l'unanimité, cette loi, dite Léonard, du nom de son rapporteur, député UMP de Charente-Maritime, était aussi présentée par une députée PS. Elle interdit de résider plus de trois mois dans un camping. Censée protéger le tourisme, elle impose aux résidents des campings de justifier d'une résidence principale au-delà de ce délai. Faute de quoi, ils seront expulsés.

Cela revient à dire aux nombreux travailleurs, saisonniers ou autres, qui vivent en permanence dans des caravanes ou des mobile-homes, faute de mieux, qu'ils n'ont qu'à se débrouiller pour trouver un logement ailleurs. Cette déclaration concernerait en France plus de 85 000 personnes. Contrairement à ce qu'affirment les défenseurs de la loi, ce n'est donc pas aux marchands de sommeil qu'elle s'en prend, mais à leurs victimes.

Le rapporteur UMP de la loi justifie cette chasse aux pauvres par le fait que la majorité des résidences permanentes en campings seraient en fait des résidences secondaires déguisées, échappant ainsi à la taxe d'habitation. Ce n'est pourtant pas par plaisir ou par goût du grand air que des retraités, des chômeurs, des travailleurs saisonniers ou précaires logent dans des caravanes en plein hiver.

Devant le tollé provoqué par sa loi, Léonard a finalement annoncé qu'il en retirait l'article expulsant les résidents des campings au bout de trois mois. Et il s'est payé le luxe d'une nouvelle proposition : reconvertir en logements sociaux les maisons classées en « zones noires » après la tempête Xynthia, c'est-à-dire les maisons situées en zones inondables. Selon le député, les maisons que l'État juge aujourd'hui trop dangereuses pour être habitées seraient toujours assez bonnes pour les travailleurs pauvres. On ne peut être plus méprisant à leur égard.

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